S'exprimant devant quelques centaines de personnes à la Bibliothèque nationale de Bamako, M. Bové a estimé qu'il "faut maintenant que les chefs d'Etat et de gouvernement africains attaquent l'Union européenne (UE) devant le tribunal de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour distorsion et pour destruction de l'économie locale". L'altermondialiste français, très sollicité par les participants au Forum et les médias, a lancé cet appel à l'issue d'un exposé sur une campagne en cours depuis 2002 contre l'importation au Cameroun de poulet congelé venant d'Europe. Selon lui, les importations de poulet congelé ont commencé en 1996 dans ce pays d'Afrique centrale.
Elles sont passées d'environ 900 tonnes en 1996 à 14.000 tonnes en 2002 et ont atteint 22.000 tonnes en 2003, lésant les paysans avec "l'arrêt de plus de 110.000 ateliers de production de poulets". Il a estimé à plus d'un million les personnes lésées par ces importations de poulet, sur une population locale de 16 millions d'habitants, qui vit en grande majorité de l'agriculture. Le poulet congelé importé au Cameroun est produit en Europe mais n'y est pas consommé, sa croissance est accélérée notamment avec des antibiotiques - 32 jours, contre un minimum de 45-50 jours selon les normes françaises - et il est expédié par des firmes multinationales, a ajouté José Bové. La plus importante est détenue par un industriel français implanté notamment au Brésil où il est "numéro 2 pour la production de poulet", a indiqué M. Bové. Il bénéficie, selon M. Bové, de financements européens de plus de 60 millions d'euros.