Le Cameroun maintient la pression sur l'Europe pour sauver sa banane

La semaine dernière, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana a accompagné une délégation de la direction générale du commerce de la Commission européenne, dirigée par Karl Falkenberg, dans deux plantations de bananes du pays à Mbanga et Njombé, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Douala (sud-ouest). Au menu des fonctionnaires de Bruxelles, une découverte "in situ" de la filière banane camerounaise, qui produit 300.000 tonnes par an et fait vivre plus de 100.000 personnes, et surtout de ses difficultés. "Nous les avons sensibilisés aux problèmes que rencontrent les producteurs indépendants que nous sommes face à la réglementation européenne en matière d'importation de bananes", explique le patron de la Société des plantations de Mbanga (SPM) Olivier Eldin. Au premier rang de ces entraves, les producteurs citent les licences qu'ils sont obligés d'acheter auprès des multinationales fruitières pour vendre leur marchandise en Europe, dès lors qu'est dépassé le quota annuel d'importation sans droit de douane accordé par l'UE aux producteurs de bananes des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). "Tant que nous sommes limités et obligés d'acquérir des licences d'importation, nous ne pourrons pas nous développer de manière correcte", déplore M. Eldin, dont les 1.500 ouvriers produisent 35.000 tonnes de bananes l'an. "Ces opérateurs sont les maîtres du jeu, ce qui nous condamne à terme à la faillite", poursuit-il.

Selon Bruxelles, les règles d'accès au marché européen entrées en vigueur le 1er janvier visent précisément à lever cette barrière. Ce nouveau "régime" autorise d'abord les pays ACP à vendre dans l'UE un quota annuel de 775.000 tonnes de bananes exonéré de tout droit de douane, à la grande colère des pays latino-américains contraints, eux, de verser 176 euros de taxe pour chaque tonne vendue en Europe. En outre, il prévoit la fin à terme des licences d'importation. "La philosophie du nouveau système implique que les premiers arrivés sont les premiers servis", explique-t-on à la délégation de l'UE à Yaoundé. "Le Cameroun devrait ainsi avoir l'opportunité d'exporter de plus grandes quantités vers l'Europe", ajoute-t-on. Pour le ministre Mbarga Atangana, le nouveau système européen va incontestablement dans le sens souhaité par les producteurs africains. "Il réduit la "dictature" de la licence, ce qui est de plus en plus favorable au Cameroun", se réjouit-il. "Il est établi que les Latino-américains avaient jusque-là des licences sans banane et les pays ACP devaient payer jusqu'à 25 millions d'euros pour louer ces licences.

Le nouveau système corrige tout cela". Mais la bataille engagée par les producteurs camerounais est encore loin d'être gagnée. A côté du front des licences d'importation subsiste celui des droits de douane, nettement plus indécis. "La querelle entre la "banane dollar" et la banane africaine n'est pas close", insiste le ministre camerounais. "L'Amérique latine conteste le taux de douane fixé à 176 euros la tonne, alors que l'Afrique estime ce taux bien trop faible. Les arbitrages vont donc se poursuivre". D'où la nécessité pour les producteurs camerounais de sensibiliser l'UE sur l'importance de ce bras de fer. "La visite des experts de la Commission leur a fait toucher du doigt les réalités du terrain", estime le ministre Mbarga Atangana. "Nous avons donc bon espoir que nos préoccupations seront désormais prises en compte".

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