 Laurent Ruck : "Le méligèthe traduit un problème antérieur" (© Terre-net Média) |
« Sait-on contrôler les méligèthes en toutes circonstances ? » Voici la question posée par Laurent Ruck du Cétiom pour débuter son intervention. Les méligèthes s’alimentent et pondent leurs œufs dans les boutons de la plante. Les morsures de l’insecte peuvent s’accompagner de lésions sur le pistil, ces lésions pouvant entraîner la stérilité et une chute d’un nombre parfois important de boutons d’une inflorescence. Cependant, les capacités de compensation du colza permettent de limiter les dommages. « Les dégâts occasionnés interviennent surtout très tôt dans le cycle de reproduction de la plante, à des phases où les possibilités de compensation – importantes chez le colza – sont maximales. Ainsi, en cas de dégât sur l’inflorescence, la plante est capable de compenser par des ramifications. » explique Laurent Ruck.
Le colza peut compenser les dégâts des méligèthes
Sur des cultures vigoureuses et bien alimentées en eau, la plante peut largement compenser l’effet de l’attaque des méligèthes. Laurent Ruck précise : « Cela ne veut pas dire que le problème des méligèthes n’est pas grave. Des pertes sont à craindre sur les plantes chétives, stressées – par un déficit hydrique, des perturbations de la photosynthèse ou par des carences alimentaires – ou handicapées par des attaques d’autres ravageurs. Le méligèthe traduit un problème antérieur. »
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Protéger les ennemis naturels des méligèthes Les méligèthes ont de nombreux ennemis naturels mais ils sont sensibles aux traitements, il est donc nécessaire de les protéger.
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Les méligèthes ayant développé des résistances aux pyréthrinoïdes, il se pose la question des insecticides à utiliser pour lutter contre ces nuisibles. « Parmi les 11 substances de la famille autorisée fin 1999 sur méligèthe du colza, 2 sont aujourd’hui conseillées en zone touchée par la résistance : le tau-fluvalinate et la bifenthrine. Ces 2 molécules ont des efficacités très proches mais moindres que celles d’autres pyréthrinoïdes avant le phénomène de résistance. » explique Laurent Ruck. La famille des organo-phoshorés offre une alternative avec le malathion : « Il a une efficacité acceptable, meilleure que celle de la phosalone et de l’endosulfan et il est moins toxique que le parathion méthyl*» précise l'ingénieur.
Les méligèthes, résistants aux pyréthrinoïdes
Laurent Ruck rappelle quelques conseils pour un traitement efficace : « N’intervenez pas trop tôt et évitez les fortes chaleurs lors du traitement pour que le produit arrive sur les méligèthes. Mouillez pour une meilleure pénétration de la bouillie. » En effet des essais ont montré qu’un volume d’eau plus élevé améliorait l’efficacité du traitement. Par contre, l’ajout de mouillant-adjuvant n’améliore pas significativement l’efficacité du traitement.
« Il est également possible de se porter vers des techniques alternatives comme le mélange variétal en incorporant 10 à 15% d’une plante piège qui fleurit avant la variété récoltée pour berner les méligèthes. Une autre technique est l’utilisation d'une bande piège de navette. » D’après les résultats de 2005, la moutarde et le colza de printemps sont détruits par le gel. La navette est très attractive par rapport aux méligèthes et précoce, mais sa destruction pose problème. En colza d’hiver, Caribou et Olphi offrent de bons résultats mais Corail est peu attractive.
* L’usage des produits à base de parathion méthyl est interdit depuis le 1er janvier 2004
