"L'année 2005 a été particulièrement catastrophique. Il faut agir aujourd'hui si on veut vraiment maintenir cet élément essentiel de l'agriculture méditerranéenne (...) et refuser l'arrachage", a déclaré le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Michel Vauzelle (PS), lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre de cette réunion. "C'est la première fois que tous les acteurs de la filière sont réunis", y compris des représentants de la grande distribution, a souligné M. Vauzelle, se réjouissant que "tout le monde soit solidaire dans cette affaire".
La concertation, lancée lundi à Marseille dans le cadre du schéma régional de développement économique, doit permettre d'établir un diagnostic de l'arboriculture en PACA et des stratégies pour les années à venir. "Nous avons le devoir d'élaborer un plan de sauvetage et de préparer la filière pour l'avenir", notamment en vue de la libéralisation du marché entre les deux rives de la Méditerranée prévue à partir de 2010 par la conférence de Barcelone, a estimé André Boulard, président de la chambre régionale d'agriculture.
"La crise touche l'ensemble de la filière, tous les fruits, et ça c'est nouveau! En 2005, la crise est devenue structurelle", a souligné M. Boulard, déplorant les limites, voire les aspects néfastes des mécanismes régulateurs. Les mesures d'arrachage annoncées récemment par le gouvernement "peuvent avoir des effets très négatifs sur notre territoire rural. En acceptant de geler pendant dix ans les surfaces arrachées, on stérilise la terre pour les jeunes et on permettra aux concurrents de prendre le dessus", a-t-il estimé. M. Boulard a surtout appelé à un contrôle "plus sérieux" des importations en 2006 de la part de la Commission européenne.
Selon lui, les instances européennes ont fait preuve d'une grande "négligence" en acceptant des statistiques imprécises qui ont empêché le déclenchement de la clause de sauvegarde communautaire. La région PACA compte 3.400 exploitations arboricoles, qui représentent 28.000 ha de vergers, localisés à 80% dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Toutes espèces confondues, le verger a diminué de 2% par an depuis 10 ans et 46% des exploitations ont disparu durant ce laps de temps, soit un rythme deux fois plus élevé que la moyenne française. Quelque 45% des surfaces cultivées sont des pommiers, 15% des poiriers, 15% des pêchers, 14% des cerisiers, 9% des abricotiers et 2% des pruniers. La filière emploie au total l'équivalent de 11.369 personnes à plein temps dans la région, dont 58% de salariés permanents et saisonniers.
