Les viticulteurs ont bloqué l'entrée d'un hypermarché Leclerc de la ville jusqu'à ce que le directeur de l'établissement s'engage à ne plus mettre en vente de vin de Bordeaux AOC à moins de deux euros. "Ils ont bloqué l'entrée de l'hypermarché. Je suis allé au devant des manifestants et me suis engagé à ne pas mettre dans le catalogue de vin de Bordeaux à moins de deux euros la bouteille pour toute l'année 2006", a expliqué à l'AFP le directeur Loïc Luraschi. "J'ai ainsi témoigné de ma solidarité envers eux. Ce vin est conditionné par un négociant de Blanquefort (banlieue de Bordeaux) et est distribué par Leclerc", a-t-il ajouté, précisant que cette décision n'engageait que son établissement et pas toute la chaîne Leclerc.
"Cela prouve que le rapport de force marche avec la grande distribution", s'est félicité le président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) Franck Ballester, à l'origine de l'action coup de poing avec les Jeunes agriculteurs. "Le négoce nous dit que s'il achète bas, c'est parce qu'il y a une demande de la grande distribution pour des prix bas. Si la bouteille se vend à deux euros, on pourra faire pression pour qu'ils achètent plus cher", a-t-il espéré. "En dessous de deux euros, ce n'est pas représentatif du prix d'un vin AOC, c'est un prix de vin de table", a-t-il conclu.
Les viticulteurs se sont ensuite notamment rendus dans une enseigne Lidl de la ville, où ils ont trouvé des bouteilles vendues sous le seuil des deux euros. Ils ont alors vidé les rayons, chargé des caddies et aspergé de peinture les produits incriminés afin de les rendre impropres à la vente, a constaté un photographe de l'AFP. Dans un communiqué diffusé après ces actions, la FDSEA et les JA ont indiqué vouloir "continuer (leur) pression dans les jours et les semaines qui viennent sur les autres enseignes".
Par ailleurs, les syndicats ajoutent que "la pression sur le négoce va se renforcer" d'autant qu'ils ont "identifié des négociants de la place bordelaise ne jouant pas le jeu". Les vins de Bordeaux traversent leur plus grave crise depuis 30 ans en raison d'une production trop abondante, conjuguée à une féroce concurrence au niveau mondial et une baisse des exportations.