Les virus grippaux étant en constante évolution génétique, deux virus H5N1 ne sont pas nécessairement des frères jumeaux: si la souche asiatique, qui s'est propagée depuis l'été jusqu'en Europe et en Afrique, est hautement pathogène, il existe également d'autres virus H5N1 faiblement pathogènes.
D'où la nécessité, soulignent les experts, de caractériser précisément cette souche pour savoir si c'est le H5N1 d'origine asiatique qui frappe les volailles, voire dans des cas exceptionnels des êtres humains.
Le laboratoire britannique de référence pour l'Union européenne (UE) a établi samedi que le virus H5N1 dans sa forme "hautement pathogène" était présent dans des échantillons de cygnes sauvages trouvés morts en Grèce, en Bulgarie et en Italie.
Les laboratoires de référence de l'Organisation internationale de la santé animale (OIE) et de l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont confirmé que la souche du virus H5N1 prélevée sur les poulets morts au Nigeria -premier foyer connu de grippe aviaire en Afrique- était la même que celle qui a tué des dizaines de milliers de volailles en Chine, en Turquie et en Europe centrale.
Premier virus de la grippe aviaire ayant entraîné des décès humains en 1997 à Hong Kong, le virus H5N1 avait été de nouveau repéré en 2003 en Chine sous une forme hautement pathogène. Cette souche asiatique du H5N1 peut se transmettre de l'animal à l'homme, par les contacts avec les volailles infectées.
Les experts redoutent une mutation de ce virus en une souche transmissible d'homme à homme, ce qui pourrait en faire un vecteur d'épidémie mortelle. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur 165 cas confirmés de grippe aviaire chez les humains depuis 2003, il y a eu 88 décès (principalement en Asie). La majorité des victimes vivaient au contact d'oiseaux domestiques. Dans tous les cas, la transmission s'est faite de l'animal à l'homme.
Un autre virus aviaire, le H7N7, s'est avéré mortel pour l'homme, entraînant la mort d'un vétérinaire en 2003 aux Pays-Bas. Un virus aviaire H5N2 a été à l'origine de 77 cas bénins d'infection humaine au Japon. Particulièrement virulent, le virus H5N1 de souche asiatique reste, selon de nombreux experts, le "meilleur candidat" pour provoquer une éventuelle pandémie de grippe humaine s'il parvient un jour à s'humaniser et à devenir contagieux d'homme à homme, mais d'autres virus (H7, H9) pourraient aussi en être la cause.