Des tests pratiqués par le principal institut scientifique allemand chargé de la santé animale ont confirmé mercredi dans la matinée la présence du virus H5N1 sur deux cygnes retrouvés morts sur l'île allemande de Rügen, en mer Baltique. "Il faut s'attendre à ce que les consommateurs soient sensibilisés", a reconnu mercredi Gerhard Wagner, président de la Confédération de l'industrie avicole. "Nous avons vu dans les pays du sud (notamment l'Italie et la Grèce où la grippe aviaire a déjà été détectée, ndlr) que la consommation (de volaille) a dans un premier temps très fortement baissé", a-t-il observé.
Mais plus encore que le danger de désertion des consommateurs allemandes, ce sont les effets potentiels sur les exportations qui paraissent l'inquiéter. "Nous avons bien sûr peur que d'autres Etats ferment les frontières, et cela aurait de très grosses conséquences, cela donnerait lieu à une crise importante", a indiqué M. Wagner. Le secteur exporte environ 30% de sa production de viande (chiffres 2004), et beaucoup moins pour les oeufs. Les quelque 10.000 éleveurs allemands de poulets, 9.000 éleveurs de canards et 2.000 éleveurs de dindes (chiffres 2003 de la Centrale de marché des produits agricoles, ZMP) ont produit en 2005 1,18 million de tonnes de viande, en hausse de 2% sur un an et représentant environ 10% de la production totale de l'Union européenne (11,16 millions de tonnes).
A l'annonce des cas de grippe aviaire, le secteur s'est empressé de rassurer les consommateurs, en martelant que "la volaille allemande peut être mangée à tout moment et sans arrière-pensée", selon M. Wagner. Mais l'exemple de l'Italie, où les ventes ont chuté de 80% par endroits après la découverte de cygnes morts de la grippe aviaire, et malgré les propos rassurants des associations du secteur, n'incite pas à l'optimisme. Le goût des Allemands pour la viande blanche ne s'était pour l'instant pas démenti, alors même que la menace de grippe aviaire se rapprochait du continent européen.
En 2005, la consommation de poulet a grimpé à 10,1 kilogrammes par tête, et celle de dinde à 6,6 kilogrammes, profitant aussi de plusieurs scandales affectant la viande rouge au cours de l'année, mais ne détrônant pas le porc, toujours roi au pays de la saucisse (39,5 kgs par personne et par an). "J'espère que les consommateurs vont garder confiance dans la volaille allemande", a déclaré M. Wagner, tandis que Klaus-Peter Behr, vétérinaire de la confédération spécialiste des oiseaux déclarait: "la situation est techniquement absolument sous contrôle".