"On mobilise en fonction des capacités d'euthanasie exigées: 40 tonnes chaque 24 heures pour le niveau 1, 200 tonnes/24 heures pour un niveau 2, 500 tonnes/24 heures pour un niveau 3 mais là, on est vraiment dans un état de crise", a expliqué mercredi à l'AFP Alexandre Lenormand, un des dirigeants de GT. Pour le niveau 1, la société basée à Bassens dispose, pour commencer à abattre les volailles, d'un délai de 40 heures après l'alerte du ministère de l'Agriculture, 112 heures pour le niveau 2 et 184 heures pour le niveau 3. "Il n'y a pas de niveau intermédiaire entre la veille et l'intervention. Nous sommes en état de veille depuis le 20 juin 2005", a ajouté M. Lenormand, un des trois coordonnateurs nationaux "grippe aviaire" à GT (ex-Générale de Traction), spécialisé dans le transport, notamment de volailles.
Le virus H5N1 de la grippe aviaire, dans sa forme hautement pathogène et transmissible à l'homme, a été identifié samedi pour la première fois en France sur un canard sauvage trouvé mort dans l'Ain. La France est le premier exportateur de volailles de l'UE et troisième mondial avec 715.000 tonnes. Depuis l'annonce officielle de ce premier cas, "il y a une augmentation de la communication qui se fait avec les services de l'Etat. Mais tout cela est codifié et rentre dans le cadre des procédures", a précisé le dirigeant de GT. Le groupe GT a une centaine d'implantations au niveau national, "ce qui nous permet d'avoir des relais logistiques pour stocker du matériel.
Mais les plus gros moyens sont basés à Bassens. Les élevages les plus exposés sont en plein air et la région du Sud-Ouest en comporte beaucoup", a-t-il souligné. Cette entreprise familiale de 1.100 employés a remporté en 2005 un appel d'offres lancé en juillet 2004 par le gouvernement pour l'"euthanasie des volailles en élevage en état de crise". Le dispositif a été testé à trois reprises l'an dernier. En juin, sans abattage, puis en septembre avec un abattage de 10.000 poules atteintes de salmonelle en Bretagne. Et enfin en novembre, un premier abattage de nuit de 10.000 poules a eu lieu dans la plus grande discrétion chez un éleveur de Gironde. La société girondine a développé deux techniques distinctes, le gazage et la chaîne d'électrification.
Jusqu'à douze unités mobiles peuvent intervenir dans la France entière pour gazer les volailles dans des bacs ou des bâtiments remplis de gaz carbonique. La seconde technique est plus particulièrement destinée aux canards, car ceux-ci peuvent vivre en apnée pendant plusieurs minutes, ce qui complique les opérations de gazage. Les palmipèdes sont donc attachés par les pieds à une chaîne d'électrification et électrocutés, deux par deux. Les deux chaînes d'électrification, facilement transportables en camion, sont basées à Bassens. L'entreprise a investi 405.000 euros dans ce nouveau matériel. Le contrat avec le gouvernement est d'une durée de trois ans. Dans le groupe GT, tout était prêt mercredi pour la première intervention. "Il y a peut-être un peu de stress qui est en train de monter parce que maintenant, il va falloir y aller", conclut M. Lenormand.