"La grippe aviaire rappelle la nécessité de maintenir un maillage parfait d'épidémiosurveillance dans l'hexagone pour prévenir et gérer les éventuels risques d'épizooties", souligne Véronique Bianchetti, vice-présidente du Conseil de l'Ordre des vétérinaires. Un dispositif qui a montré "toute son efficacité dans les élevages lors de l'épizootie de fièvre aphteuse de 2000", ajoute-t-elle. Sur 14.068 vétérinaires en exercice, plus de 10.000 détiennent un mandat sanitaire par lequel l'Etat leur confie un certain nombre de tâches de prévention et de police sanitaire.
Depuis l'annonce de l'épizootie, un réseau de vétérinaires sanitaires est prêt à intervenir. Mais Mme Bianchetti déplore l'insuffisance de vétérinaires spécialisés dans la filière volaille (seulement 73) et le manque de moyens en matière préventive pour ce secteur. L'Etat doit "renforcer cette présence des vétérinaires sanitaires dans les élevages de volailles", estime-t-elle. Elle demande que les dispositions prises pour les bovins - telles que des visites sanitaires annuelles, financées par les pouvoirs publics, effectuées dans les élevages avec divers paramètres à vérifier - soient appliquées au secteur avicole et porcin. Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort déplore le faible nombre (six seulement) de laboratoires ayant le droit de "tester les animaux pour dire si c'est un virus influenza". Car "plus vite on identifie le risque, plus vite on étouffe dans l'oeuf la maladie", ajoute-t-elle.
Globalement, la profession contribue à l'éradication de grandes maladies zoonotiques (maladie qu'un animal peut transmettre à l'homme) mais est également un intermédiaire dans la gestion des crises dues aux épizooties. Visite des animaux, recensement et marquage, isolement, vaccination ou traitement, abattage des animaux malades ou contaminés, prélèvements nécessaires au diagnostic ou aux enquêtes épidémiologiques sont autant de tâches qui incombent aux vétérinaires. En cas de détection d'un cas de maladie contagieuse d'un animal, le vétérinaire alerte immédiatement la direction départementale de services vétérinaires (DDSV), seule habilitée à mettre en place les périmètres de sécurité.
Les vétérinaires sont présents comme chaque année au Salon de l'agriculture. "On ne constate aucune psychose et le public semble très bien informé", assure Mme Brugère-Picoux. Qu'est-ce qu'une zoonose ? La peste ou "grippe aviaire", c'est... ? Sur le stand, le public répond consciencieusement au petit questionnaire qui leur est fourni. La grippe aviaire est une maladie "hautement contagieuse", reconnaît Mme Brugère-Picoux, tout en jugeant "regrettable l'amalgame qui peut être fait entre le risque de grippe aviaire, un problème de santé animale, avec le risque de pandémie humaine".