"Il faut laisser les techniciens faire leur travail plutôt que de faire de la gesticulation de quelque ordre que ce soit", a déclaré Mme Lagarde, interrogée par l'AFP sur les propos tenus lundi à Canberra par le chef du gouvernement britannique. Lors d'un discours devant le Parlement australien, M. Blair avait appelé les 149 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à réussir leurs négociations sur la baisse des barrières douanières dans le monde, estimant au passage que la protection des marchés agricoles européens était "une politique née d'un autre âge et qu'il est temps d'en sortir".
Comme on lui demandait si de tels propos ne risquaient pas de fragiliser la position du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, dans les négociations à l'OMC, Mme Lagarde a plaidé en faveur de la cohésion des 25 pays membres de l'Union européenne. "Tout ce qui nuit à l'union dont on a réussi à très bien faire preuve et qui nous a confortés dans notre position à Hong Kong est néfaste", a-t-elle estimé, en référence à la conférence ministérielle de décembre dernier au cours de laquelle les 25 ont accepté d'éliminer leurs subventions aux exportations agricoles au plus tard en 2013.
Mme Lagarde s'exprimait depuis Berne où elle a rencontré mardi le ministre suisse de l'Economie, Joseph Deiss. Les deux ministres ont constaté "une grande convergence de vue" à propos de l'OMC, notamment en ce qui concerne "l'absence de propositions" du G20 (le groupe des pays émergents), "particulièrement du Brésil", a-t-elle rapporté. Comme l'UE, la Suisse souhaite défendre son agriculture face à la concurrence des grands pays exportateurs comme le Brésil et réclame des pays en développement qu'ils ouvrent davantage leur marché aux produits industriels.