Francis Bellou, agriculteur à Saint Germain-la-Poterie (60) « Utiliser l'huile de colza comme carburant, c'est consommer son propre produit et gagner en autonomie »

| Publié le 06/04/2006, Mis à jour le 01/06/2023

Cinq agriculteurs de l'Oise se sont associés au sein d'une Cuma pour acheter une presse à colza. Ils fabriquent leur huile et l'utilisent comme carburant dans les moteurs. Economie, environnement et autonomie sont leurs principales motivations. Témoignage.

Francis Bellou (© Terre-net)

Carte d'identité

Francis Bellou est polyculteur éleveur à Saint Germain-la-Poterie (60). Il utilise l'huile de colza pour ses tracteurs et valorise le tourteau sur son élévage laitier.

« Nous sommes partis dans le pressage de l’huile de colza car nous sentions bien l’intérêt : c’était la concordance entre un projet individuel et les besoins extérieurs. » explique Marc Lamoureux, agriculteur à Fresnoy-en-Thelle (60) et président de la Cuma, à propos des raisons qui l’ont poussé à se tourner vers la production d’huile végétale. « C’est se mettre en position par rapport aux nouveaux débouchés avec notamment toutes les applications de l’huile dans l’industrie. Quelque part, pour recréer le lien entre la société civile et nous les agriculteurs. L’alimentaire, c’est bien, mais on ne couvre pas toujours les coûts ou grâce aux aides. C’est frustrant ! Nos enfants, si nous voulons qu’ils s’intéressent à l’agriculture, il faut qu’ils en vivent avec fierté. » Pour Francis Bellou, agriculteur à Saint Germain-la-Poterie (60), c’est l’aspect environnement qui a pesé dans la balance : « Au-delà de l’aspect économique, c’est faire un petit geste face à l’image de pollueurs que nous avons. Les gens aiment bien quand je passe avec l’odeur de friture. Quand on sent les gaz, on se dit que c’est plus naturel. »

Marc Lamoureux (© Terre-net)

Lamberval Energie

Marc Lamoureux est polyculteur à Fresnoy-en-Thelle (60). Il s'est lancé dans la distribution de presse à colza et a créé sa société de distribution : Lamberval Energie. « Depuis septembre, cette activité m'occupe 90% de mon temps. »

Un moteur qui tourne à l'huile de colza au ralenti à tendance à s'encrasser

Depuis juillet, Francis Bellou tourne à 80% d’huile de colza dans ses tracteurs : « Avec ce mélange, aux premières gelées, je n’ai pas démarré. L’hiver, je passe à un mélange 50/50 et lorsqu’il gèle, je ne mets plus que 25% d’huile. J’ai acheté du gasoil grand froid, il est très raffiné et çà apporte une réelle amélioration. » Marc Lamoureux fonctionne également en mélange à 30 ou 40%. A l’usage, les performances ne sont pas altérées : « Avec l’huile de colza, on tire mieux et on consomme plutôt un peu moins mais c’est difficile à chiffrer. Les filtres sont plus propres qu’avec du gasoil mais noircissent un tout petit peu. J’ai noté un peu de perte d’huile moteur » précise Francis Bellou. La règle de base à respecter est de tourner à plein régime : « Si on laisse tourner au ralenti, le moteur a tendance à s’encrasser. Il faut que le tracteur tire mais sans faire peiner. Si on tire trop, attention au mélange huile de colza et huile de moteur ! »

La presse à colza de la Cuma,
aménagée sur une remorque pour circuler
chez les membres de la Cuma (© Terre-net)

D’après les estimations de Francis Bellou, un litre d’huile de colza revient à 0,58 € tout compris. Dans ce calcul, la valorisation du tourteau est comptabilisé, celui-ci étant consideré comme utilisé à la ferme. Pour les deux agriculteurs, l'aspect économique est un plus qui vient s'ajouter à 2 points importants : l'environnement et l'autonomie : «Nous savons que çà rentre dans les réductions de gaz à effet de serre. » note Marc Lamoureux. « Utiliser l'huile de colza comme carburant, c'est consommer son propre produit et gagner en autonomie. » conclut Francis Bellou.

A lire également :

Francis Bellou, agriculteur à Saint-Germain-la-Poterie (60) - « Le tourteau de colza : en ration d'hiver, c'est un peu juste mais l'été çà marche bien ! »

NEWSLETTERS