Cette étude, "l'impossible coexistence", réalisée en Catalogne (nord-est) et en Aragon (nord), a été publiée mardi par l'ONG environnementaliste à la veille d'une réunion ministérielle européenne de deux jours à Vienne (les 5 et 6 avril) consacrée à la coexistence de cultures génétiquement modifiées et de cultures bio ou conventionnelles. En 2004, selon le ministère espagnol de l'Environnement, 60.000 ha de maïs transgénique étaient cultivés. L'étude "montre clairement que la coexistence est un leurre et que les cultures d'OGM à grande échelle empêchent définitivement consommateurs et producteurs de choisir des produits ou semences sans OGM", estime Juan Felipe Carrasco, responsable de la campagne OGM de Greenpeace Espagne et co-auteur du rapport. Pour Arnaud Apoteker, son homologue de Greenpeace France, "l'agriculture biologique ou conventionnelle est progressivement cannibalisée par les plantes transgéniques".
Le rapport, qui conclut à une "situation critique", détaille: "Opacité du monde de la recherche, absence ou mauvais contrôles des cultures et des cas de contamination, utilisation de variétés de maïs OGM non autorisées, champs expérimentaux illégaux, absence de registres publics, non respect des distances minimales entre parcelles OGM et autres, mélange des récoltes transgéniques avec les autres dans certaines coopératives". Greenpeace présente ainsi trois cas, photos à l'appui, où les parcelles d'OGM ne sont séparées, respectivement, que de 19 m, de 5 à 7 m par une simple route, ou même de 2 mètres, des parcelles conventionnelles. De même, l'étude, menée de juillet à décembre 2005 avec la collaboration de 40 agriculteurs des deux provinces, montre qu'un quart environ des parcelles conventionnelles ou biologiques sont contaminées par les OGM, à hauteur de 2 ou 3% et jusqu'à 12,6% près de Girone, en Catalogne.
S'agissant des expérimentations, Greenpeace note qu'au cours des trois dernières années, "la société Pioneer Seeds a cultivé des parcelles expérimentales sans suivre aucune des procédures d'autorisation définies par les directives européennes". Selon l'ONG, beaucoup de ces parcelles ne "figurent ni sur le Bulletin officiel espagnol ni sur le site internet de la Commission européenne, où doivent être listés tous les essais". Enfin, insistent les auteurs, "tous les systèmes de contrôle ont des failles et il existera toujours des imprudences, erreurs humaines et/ou techniques, (ce qui) signifie qu'en pratique, il est impossible d'éviter la contamination d'autres cultures".