Les importantes précipitations du printemps permettent d'évaluer le stock de neige en montagne appelé à fondre et à gonfler la retenue de Serre-Ponçon à 80% d'une année moyenne, contre 40% l'année dernière, indique Bernard Mahiou, directeur EDF de la production Méditerranée. Plus grand barrage en terre et plus vaste retenue d'eau artificielle d'Europe (2.800 hectares), Serre-Ponçon est soumis à des besoins contradictoires, entre les agriculteurs des vallées qui veulent beaucoup d'eau, le secteur touristique qui réclame un lac haut pour que les gens puissent s'y baigner et EDF qui souhaite produire de l'électricité.
Serre-Ponçon est actuellement rempli à 60% de sa capacité, avec une cote de 762 m (au dessus du niveau de la mer). L'objectif est qu'il soit en juin à la cote 780 m. C'est la hauteur d'eau idéale pour les activités nautiques, ce niveau pouvant baisser sans trop de dégâts visuels jusqu'à 775 m. En 1992, à la suite de la sécheresse, la hauteur d'eau dans le lac avait baissé de 7 mètres, laissant apparaître des rives boueuses. Cela avait fait fuir les touristes, un drame pour les Hautes-Alpes car le lac fait vivre plusieurs milliers de personnes en été et représente 40% de l'activité touristique estivale du département.
"On a développé un vrai partenariat avec les différents acteurs économiques du lac, et les professionnels du tourisme ont compris qu'ils devaient équiper les berges en dessous de la cote 775 afin d'éviter le problème de la boue", explique M. Mahiou. Le président du Syndicat mixte d'aménagement et de développement des berges de Serre-Ponçon, le conseiller général socialiste Bernard Allard-Latour, est "d'accord pour créer des plages, des ports plus bas, et installer des pontons" mais aimerait recevoir des aides financières, notamment d'EDF. "Le barrage de Sainte-Croix (Alpes-de-Haute-Provence) est plein, avec 40 millions de m3 de réserve. Il peut fournir l'eau à l'agriculture et se substituer à Serre-Ponçon pendant 15 jours alors que l'année dernière, il n'avait joué ce rôle que pendant une semaine", affirme M. Allard-Latour qui est donc confiant pour l'été à venir.
Il souhaiterait toutefois qu'EDF s'engage à maintenir un niveau du lac au minimum à 775 m, jusqu'à la fin d'août et non pas jusqu'à la mi-août comme l'année précédente. "Les Hauts-Alpins ont besoin de sécurisation de cette ressource et l'évolution du statut d'EDF, notamment l'ouverture du capital, pourrait leur faire craindre qu'on ne poursuive que des objectifs économiques. C'est pourquoi EDF veut conventionner les bonnes pratiques mises en oeuvre pendant 4 années de sécheresse", répond M. Mahiou.
