"C'est une opération de grande ampleur pour démontrer que la lavande génère une activité agricole, industrielle et touristique fondamentale pour la Provence", explique à l'AFP Patrice de Laurens, directeur de l'Office national interprofessionnel des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (ONIPPAM).
La France produit en effet (avec en moyenne 70 tonnes par an dont 17 tonnes en Appelation d'origine contrôlée) la moitié de la production mondiale d'huile essentielle de lavande. Elle compte pour 90% (1.000 tonnes) de celle de lavandin, un hybride naturel de lavandes plus résistant, utilisé dans les lessives, les assouplissants et les savons. Sans oublier la confection de 700.000 bouquets par an. L'exportation de près 90% de ces produits, principalement vers les Etats-Unis, l'Allemagne et le Japon, rapporte environ 15 millions d'euros à la balance commerciale française.
Après avoir atteint un record de 150 tonnes en 1960, la production de lavande, qui a failli disparaître au début des années 90 où elle était tombée à moins de 25 tonnes, a bénéficié, entre 1995 et 2001, d'un "plan de relance". Cela a permis, selon M. de Laurens, le maintien d'environ 2.000 producteurs sur 25.000 hectares, souvent situés dans secteurs où la lavande contribue à la lutte contre les incendies, dans quatre départements: Alpes de Haute-Provence, Hautes-Alpes, Vaucluse et Drôme, le seul situé dans la région Rhône-Alpes.
Le nombre d'emplois induit par la filière de plantes à parfum est d'environ 30.000 équivalents temps plein, dont les trois quarts par la seule compsante lavande, selon l'ONIPAMM. Mais, comme dans de nombreuses autres productions agricoles, la menace chinoise grandit au point d'avoir réprésenté la moitié des 30 tonnes de lavande que la France a importé l'an dernier, le reste provenant d'Europe de l'Est: Ukraine, Moldavie et Bulgarie.
Comme toujours, les coûts de production chinois exercent une pression sur les prix, au point que la production française de plus basse qualité à vu son prix chuter de 43 à 25 euros le kg alors que la "lavande fine" enregistrait un recul moindre de 50 à 45 euros le kg. "Nous sommes à la croisée des chemins même si nous bénéficions d'une vague favorable de la part des consommateurs en faveur de l'authenticité et de la nature", souligne M. de Laurens.
Face aux importations chinoises et au principal concurrent qu'est le Linalol - une molécule synthétique qui permet à des industriels d'inscrire sur leurs produits "notes de lavande" - la filière fonde beaucoup d'espoirs sur le pôle de compétitivité PASS (Parfums, Arômes, Senteurs, Saveurs) qui doit s'implanter à Grasse (Alpes-Maritimes) pour axer les recherches sur les produits naturels. "Perdre la filière lavande serait pour la Provence comme détruire la tour Eiffel à Paris", a même lancé Emmanuel Osti, PDG de la firme de cosmétiques l'Occitane (plus de 700 boutiques dans le monde et un chiffre d'affaires de 256 millions d'euros en 2005), partenaire de l'exposition "L'essence de Provence" qui aura lieu du 22 juin au 7 janvier 2007 à la Cité des Sciences.
Pour évoquer la couleur et les parfums de l'arrière-pays provençal, plus de 5.000 pieds de lavandins en pots seront disposés, uniquement du 22 au 25 juin, sur les 1.300 m2 du bassin de la Géode.