Les négociations lancées en 2001 à Doha par les 149 pays de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) buttent sur la baisse des droits de douane des produits agricoles et industriels. Ce cycle doit en principe s'achever à la fin de l'année, avec deux ans de retard sur le calendrier initial. Les grands pays émergents, emmenés par le Brésil, la Chine et l'Inde, réclament l'élimination des subventions agricoles des pays riches, alors que les Etats-Unis et l'Union européenne demandent des ouvertures pour les produits industriels et les services.
A la veille de sa visite d'Etat au Brésil, M. Chirac reconnaît qu'il s'agit d'une question sur laquelle lui-même, farouche défenseur de l'agriculture française, et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva n'ont "pas encore tout à fait réussi à (se) mettre d'accord". Dans cet entretien, dont le texte en français a été publié par l'Elysée, il a affirmé que "l'Europe n'est pas un marché protégé, fermé" en matière agricole, rappelant qu'elle est "le premier client de l'Amérique latine en matière agricole et alimentaire". Il a souligné que la France importait chaque année pour 2,5 milliards d'euros de produits agricoles d'Amérique latine où elle n'exporte que pour 400 millions d'euros. Le président français a également fait valoir que les Européens se sont engagés à éliminer leurs subventions agricoles d'ici à 2013. "Seulement, dans un accord, il faut qu'il y ait un peu de donnant-donnant des deux côtés, il faut faire un effort des deux côtés", a-t-il insisté, en citant "l'industrie, les services, et surtout l'aide et les intérêts des pays les plus pauvres", essentiellement africains. Il a indiqué qu'il en parlerait "dans la plus franche cordialité" avec le président Lula.
D'autre part, M. Chirac s'est une nouvelle fois montré compréhensif sur la décision de la Bolivie de nationaliser ses hydrocarbures qui a vivement mécontenté le Brésil, très dépendant du gaz bolivien. Le président français s'est entretenu au début du mois à Vienne, en marge du sommet UE-Amérique latine, avec le président bolivien Evo Morales. "Ce qu'il m'a dit était très clair: cela excluait toute spoliation ou exclusion des entreprises" étrangères, a assuré M. Chirac en lui reconnaissant le droit de faire "les choix qu'il veut en ce qui concerne la nationalisation des matières premières". Il a souligné que sa visite "permettra de conforter notre accord politique" et de signer des accords sur l'innovation et les technologies. La relation entre la France et le Brésil "a toujours été, depuis très longtemps, excellente. Je dirai qu'aujourd'hui, elle est tout à fait exemplaire", a-t-il affirmé.