La France redoute une nouvelle concession européenne à Genève

A Paris, l'ambiance ressemble étrangement à celle ayant précédé la grande conférence de l'Organisation mondiale du commerce à Hong Kong, en décembre dernier. A la veille d'une nouvelle "réunion de la dernière chance" pour tenter de conclure un cycle de négociations sur la libéralisation du commerce mondial lancé il y a presque cinq ans, les responsables français multiplient de nouveau appels et mises en garde, craignant que l'Europe ne fasse des concessions excessives à leur goût.

La France "préfère un échec à un mauvais accord", a martelé cette semaine le ministre français de l'Agriculture Dominique Bussereau. Pas question, a-t-il expliqué au quotidien Les Echos publié mercredi, d'un accord "à sens unique" dans lequel l'Europe accepterait d'ouvrir davantage ses frontières aux produits agricoles américains ou brésiliens sans obtenir en échange un meilleur accès de ses produits industriels et de ses services aux marchés de ses partenaires. Il "ne faut pas se contenter d'un accord a minima qui serait bâclé", a renchéri mercredi devant la presse la ministre déléguée au Commerce Christine Lagarde, qui mènera avec M. Bussereau la délégation de la France à Genève. A l'Elysée, où l'on suit discrètement mais pas à pas les négociations, on fait part d'une "grande vigilance et grande détermination".

Au centre de l'inquiétude des autorités française: la défense de la Politique agricole commune (PAC), "ligne rouge" menacée selon elles par les propositions du commissaire européen Peter Mandelson en matière de réduction des droits de douanes sur les produits agricoles. Dans le collimateur de Paris depuis plusieurs mois, le Britannique est soupçonné d'être prêt à aller plus loin que la réforme de la PAC, décidée dans la douleur en 2003. Une perspective inconcevable pour la France, premier pays agricole européen et de loin le principal bénéficiaire des subventions européenne. Christine Lagarde a souligné mercredi que la France serait "extrêmement vigilante" et attentive au "respect du mandat" du négociateur européen, une attitude partagée selon elle par treize autres Etats de l'UE.

Le soupçon français est nourri par de récentes déclarations de Peter Mandelson qui n'a pas caché être prêt à de nouvelles concessions pourvu que les Etats-Unis et les pays émergents fassent eux aussi des efforts. Or pour Dominique Bussereau, il faut se défier des avancées de pure forme. "Il faut être attentif au risque d'une nouvelle offre agricole américaine qui serait purement cosmétique et à laquelle on nous demanderait de répondre", a-t-il déclaré. Et de s'exclamer: "Nous n'allons pas échanger l'or de la Banque de France contre un caramel mou !".

Côté français, on semble donc sceptique sur la possibilité de parvenir à un accord cette semaine à Genève. "Je suis assez dubitative parce que nous approchons de périodes qui aux Etats-Unis et au Brésil vont être agités par des élections politiques", avec les élections américaines dites de "mid-term" en novembre et les présidentielles au Brésil en octobre, a notamment déclaré Christine Lagarde. Or "toute période pré-électorale entraîne une crispation des positions qui rend difficiles des concessions qui affectent les intérêts intérieurs d'un pays", a-t-elle relevé. Une remarque qui vaut aussi pour la France, où les grandes manoeuvres en vue de la présidentielle de 2007 ont déjà commencé et où il est difficile de s'aliéner le monde agricole.

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