Quad des villes contre quad des champs

Pour sillonner les 130 hectares de son exploitation et "faire le tour" de son bétail, Jean-Marie Boeglin, agriculteur et éleveur de Seine-et-Marne (région parisienne) "aurait bien du mal aujourd'hui" à se passer de son engin, dit-il à l'AFP. "Il a remplacé mes pieds et mon tracteur pour les épandages de granulés à limaces sur mes parcelles mouillées. On met ce qu'il faut, où il faut et on va où on veut sans matraquer la terre", résume ce converti depuis six ans. "Les retraités en campagne utilisent aussi leur quad pour faire les courses ou la promenade du dimanche", note M. Saran, concessionnaire de quads en Seine-et-Marne.

Ecologistes, randonneurs, forestiers et riverains, fédérés au sein de la Calme (Coordination pour l'Adaptation des Loisirs Motorisés à l'Environnement) ne contestent pas l'usage du quad agricole ni même de loisir. Mais hors des itinéraires réservés, "il y a danger pour le forestier et le quadeur", explique à l'AFP Jean-Marie Barbier, directeur général de la Fédération des Forestiers privés de France (FPF). "Nos espaces ont une vie. Nous y travaillons et certains travaux d'expoitation peuvent provoquer des accidents. Nous réalisons aussi dans nos parcelles des opérations de régénération naturelle ou artificielle, incompatibles avec le passage de véhicules motorisés", ajoute ce membre de la Calme. La coordination invoque la circulaire Ollin, dont la diffusion en septembre 2005 a relancé les hostilités entre quadeurs et acteurs ruraux. La ministre de l'Ecologie y rappelle un article du code de l'environnement interdisant la circulation des véhicules terrestres à moteur dans les espaces naturels hors des voies ouvertes à la circulation publique. "Pas de +hors piste+", résume la circulaire qui donne également liberté aux maires d'interdire l'accès des chemins aux engins motorisés.

"Il n'y a pas un m2 du territoire qui ne soit pas propriété privée ou publique, la logique voudrait donc comme l'imposait la loi Lalonde, que l'on demande l'autorisation aux propriétaires avant d'aller faire sa gymnastique motorisée", explique à l'AFP Gilles Benest, biologiste et co-fondateur de la Calme. La loi Lalonde de 91 préconisait aussi l'établissement d'un Plan départemental des itinéraires de randonnée motorisée (PDIRM) "qui ne s'est jamais concrétisé", ajoute M. Benest. Or la circulaire Olin rappelle aux élus la nécessité de mettre en place les PDIRM, initiative soutenue par la coordination qui a réuni à cet effet plus de 180.000 signatures sur une pétition en ligne depuis décembre dernier (http://mountainwilderness.org).

Dans le camp adverse, Codever (Collectif de défense des loisirs verts, regroupant notamment clubs de motoristes "verts" et concessionnaires) demande l'annulation de la circulaire et a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat, au nom de "la liberté constitutionnelle de circuler". Le collectif appelle sur son site (www.codever.fr) les motoristes à défiler en ville, à l'occasion de manifestations régionales prévues en octobre. Et "pour en finir avec la diabolisation des quadeurs qui +envahiraient+ nos campagnes", Charles Péot, motard et porte-parole du collectif, précise à l'AFP qu'ils ne représentent aujourd'hui "que 10 à 15% des motoristes" fédérés sous sa bannière, régroupés dans une petite trentaine de clubs.

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