"Le Poitou-Charentes a très envie qu'Alain Ducasse s'installe à Cognac mais on ne va pas faire de surenchères. Les collectivités locales ne vont pas aller au-delà de leurs propositions", souligne-t-on au conseil régional. A la clé pour la région, la création d'un pôle d'excellence de formation dont pourraient bénéficier les jeunes Picto-charentais, ainsi que des retombées économiques et touristiques d'envergure
Cette haute école gastronomique prévue pour 2007 vise à accueillir des stagiaires du monde entier voulant se former au savoir-faire culinaire français. Soixante-dix emplois devraient être générés par ce projet d'un investissement de trois millions d'euros, selon le groupe Ducasse. Le choix du site devant accueillir la deuxième "Ducasse Académie" après celle d'Argenteuil (Val d'Oise), un vivier pour ses vingt restaurants dans le monde, devait être tranché fin 2005. Mais Alain Ducasse a reporté de mois en mois sa décision. Dans un communiqué, le directeur du pôle formation du groupe Ducasse, Jacques Bally, a indiqué fin août que le choix du site entre Cognac et Monaco, où Alain Ducasse a déjà un restaurant, sera tranché "dans les prochains mois". La mise au point de ce projet nécessite "des réflexions approfondies", notamment en matière de "contenu pédagogique, personnel enseignant, recrutement, commercialisation, et aménagement technique", a-t-il dit.
Après quasiment deux ans de négociations suivies, la région Poitou-Charentes, partie prenante du montage financier avec le département et la Communauté de communes de Cognac, reconnaît ne plus avoir de contact direct avec le groupe "depuis trois ou quatre mois". La présidente de région Ségolène Royal, qui a rencontré deux fois le chef, le président du conseil général Michel Boutant et le maire de Cognac Jérôme Mouhot, n'ont pourtant pas ménagé leur peine pour remporter le projet. Depuis le début des discussions avec le cuisinier originaire des Landes, les trois partenaires ont déjà déboursé quelque 35.000 euros, estime Bernard Rigaud, directeur général des services au Conseil général. Fin février, la Communauté de communes a réservé une propriété de maître pour accueillir le site, mais face à l'enlisement du dossier, le compromis de vente a expiré le 12 août dernier. Or, "plus aucun terrain n'est aujourd'hui disponible dans la Communauté de communes", regrette M. Rigaud.
Nice, qui travaillait sur le projet depuis quinze mois, a jeté l'éponge en juillet. Mais à l'étonnement des élus de Cognac, une nouvelle concurrente, Monaco, est entrée en lice cet été. "Associer le nom de Cognac, déjà mondialement connu, à celui de Ducasse, nous permettrait de renforcer considérablement notre image de marque", souligne Frédéric Cros, directeur général délégué de Charente Développement, une structure financée par le conseil général pour dynamiser le tissu économique. "Il serait dommage de voir à Monaco une école former des stagiaires à la cuisine française", souligne Bernard Rigaud.