Un jeune faucheur anti-OGM en guerre contre le fichage génétique

Benjamin Deceuninck, maraîcher "bio" de 26 ans dans les basses Cévennes, avait comparu le 25 août devant le TGI pour "refus, par personne condamnée pour délit, de se soumettre au prélèvement destiné à l'authentification de son empreinte génétique". Le tribunal avait mis son jugement en délibéré à ce vendredi. La procureur avait requis 500 euros d'amende contre le jeune faucheur qui avait fait valoir un "devoir de résistance par rapport à une démarche autoritaire". M. Deceuninck faisait partie des "onze d'Avelin" (Nord) qui, en septembre 2001, avaient arraché des plantations expérimentales de betteraves transgéniques de la société Adventa.

Ils avaient été jugés à Lille en septembre 2005 et condamnés à des peines d'un à deux mois de prison avec sursis et, collectivement, à 5.000 euros de dommages et intérêts. Condamné alors à un mois de prison avec sursis, M. Deceuninck avait été convoqué en juin 2006 pour un relevé d'empreintes génétiques à la gendarmerie de Saint-Martin-de-Valgalgues (Gard) auquel il avait refusé de se soumettre. Annonçant qu'il allait faire appel de sa condamnation, Benjamin Deceuninck a déclaré à l'AFP: "On ne pouvait pas s'arrêter là. On appelle tous ceux concernés à refuser le prélèvement d'ADN et à nous rejoindre au sein d'un comité national. On ira en Cassation et en Cour européenne des droits de l'homme pour casser cette loi". Il a également réagi à des propos du procureur de la République d'Alès Christian Pasta à son sujet, publiés dans Le Monde du 26 septembre. "On se soumet ou on entre en résistance.

Aujourd'hui la justice ne nous donne pas le choix", a affirmé le jeune agriculteur. Evoquant un "délit continu", M. Pasta avait déclaré au quotidien parisien: "Tant qu'il refusera le prélèvement, j'engagerai à nouveau des poursuites et il sera reconvoqué. On peut le mettre au trou pour récidive". Le jeune faucheur a reçu le soutien de la Confédération Paysanne, de la Confédération nationale du travail (CNT), de la CGT et du Syndicat de la magistrature. Pour Nicolas Duntze, porte-parole de la Confédération paysanne du Languedoc-Roussillon, cette condamnation signifie "que la double peine existe". "On rentre dans un cycle pervers de poursuites et dans l'application d'une répression durable et permanente", a-t-il déclaré à l'AFP. Le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, avait dénoncé fin août l'extension du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) et "le détournement de ses finalités initiales". Pour le SM, le cas de M. Deceuninck "illustre une nouvelle fois les effets de l'extension du champ d'application du FNAEG", prévu initialement en 1998 pour les délinquants et criminels sexuels et désormais applicable à d'autre types d'infractions comme les vols, destructions ou dégradations, depuis les lois de sécurité intérieure de mars 2003 et Perben II de mars 2004.

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