![]() François Tardieu : "Il faut savoir si on veut des plantes qui survivent ou qui produisent en situation de sécheresse."(© B.N., Terre-net) |
« Nous ne pourrons jamais produire sans faire consommer d’eau ! » Après ce rappel en guise de préambule, François Tardieu pose les données du problème : « Il faut savoir si on veut des plantes qui survivent ou qui produisent en situation de sécheresse. Améliorer les capacités de survie des plantes en stress ou améliorer la production des plantes en déficit hydrique, ce n’est pas la même chose. Ce n’est pas forcément les mêmes gènes qui interviennent. »
La sélection génétique traditionnelle a déjà permis d’améliorer le rendement en sec. Aujourd’hui, l’essentiel des avancées biotechnologiques se concentre sur la recherche de formes de gènes chez les plantes sauvages. La transgénèse fait aussi partie des voies étudiées mais à l’heure actuelle, aucune variété tolérante à la séchresse issue de cette technique n’a pu être commercialisée.
Les voies d’amélioration génétique de la tolérance des plantes à la sécheresse peuvent se définir en 4 stratégies : l’esquive, l’évitement, l’amélioration de l’efficience de l’eau et la réingénierie du développement des plantes. L’esquive se caractérise par un génotype plus précoce afin de terminer le cycle plus tôt, avant la sécheresse. Les pertes de rendement sont limitées mais en contrepartie, le rendement maximum est réduit. L’évitement consiste à réduire la transpiration par une limitation de la croissance foliaire ou à développer le système racinaire, celui-ci ne se justifiant qu'en sol profond.
« Nous ne pourrons jamais produire sans faire consommer d’eau ! »
Il a été remarqué que les espèces C4 (maïs, sorgho) ont une efficience en eau élevée. « Pour les autres espèces C3, il y a une grande variabilité génétique. » remarque François Tardieu. Dernière stratégie, la réingénierie du développement des plantes. « Il s’agit de reprogrammer la plante pour ce nouvel objectif : produire en conditions de sécheresse. » explique le chercheur. « Il y a bien des progrès en cours qui vont permettre de repenser les systèmes de cultures. Mais il n’y a pas de stratégie unique, tout dépend des scénarios et des risques acceptés par l’agriculteur. »
« La variation des réponses à la sécheresse est assez forte suivant les espèces. » souligne Philippe Debaeke. Les stratégies évoquées précédemment (esquive, évitement, et tolérance) s’appliquent également aux systèmes de cultures.
Amélioration génétique ou adaptation des systèmes de cultures
![]() « La variation des réponses à la sécheresse est assez forte suivant les espèces. » souligne Philippe Debaeke(© B.N., Terre-net) |
Grâce à l’esquive, le cycle cultural s’achève avant l’apparition d’une sécheresse terminale. Les périodes de faible disponibilité en eau et les phases cruciales du cycle de la culture sont ainsi décalées. Le choix des cultures d’hiver illustre cette stratégie. Pour les cultures de printemps, cela se traduira par un semis précoce. Les variétés précoces ou à cycle court vont également en ce sens.
Les espèces couplant l’évitement (meilleur enracinement et/ou développement foliaire) avec des caractéristiques de tolérance font partie des pistes les plus intéressantes. Deux espèces ressortent clairement : le tournesol et le sorgho. Le tournesol, dont la consommation d’eau est antérieure à la période aigue de pénurie en eau, bénéficie des débouchés énergétiques mais dégage une faible marge brute. Le sorgho a des besoins en eau nettement inférieurs au maïs mais nécessite une filière structurée pour assurer des débouchés rentables.
« Les adaptations agronomiques sot assez bien connues mais elles sont confrontées à des contraintes socio-économiques, techniques agronomiques ou pédoclimatiques » résume Philippe Debaeke. « Il est nécessaire de régionaliser les préconisations et peut-être de viser une utilisation accrue des modèles ».