José Bové est sorti peu après 21H00, sous les acclamations d'une cinquantaine de militants anti-OGM, de la gendarmerie de Saint-Jean-d'Illac (ouest de Bordeaux). Il était entendu depuis trente heures pour une opération des Faucheurs volontaires qui avait visé une exploitation agricole de Lugos (Gironde), au cours de laquelle 2.000 tonnes de maïs OGM stockées dans un silo ont été rendues impropres à la consommation. "Face à la mobilisation au niveau local ou national (...), le ministre de la Justice a été obligé de me libérer ce soir, sans aucune convocation devant un tribunal ou un juge d'instruction", s'est réjoui José Bové joint par téléphone par l'AFP. "Il y a une volonté de casser le mouvement en tentant de me mettre en garde à vue", a toutefois estimé le leader altermondialiste.
"Cette garde à vue est une décision politique du ministre de la Justice par rapport à la dénonciation du fait que le gouvernement a laissé mettre en place les cultures OGM en dehors du cadre légal", a affirmé José Bové. A la tête de 150 Faucheurs volontaires, José Bové avait mené samedi en début d'après-midi à une opération de "traçabilité des OGM" dans l'exploitation. Des militants avaient alors versé de l'eau et un colorant naturel dans le silo de maïs OGM, provoquant la colère du gérant qui avait ouvert le feu, sans faire de blessé, avec son fusil de chasse. Entendu également par les gendarmes, le gérant, âgé d'une cinquantaine d'années, a été libéré dimanche en début d'après-midi, le parquet précisant que l'enquête devait se poursuivre. "Le fait qu'aujourd'hui, des propriétaires de stocks de maïs OGM en viennent à tirer sur ceux qui essayent de bloquer les Faucheurs montrent que le gouvernement a joué un jeu très dangereux en laissant mettre en place les cultures illégales", a commenté M. Bové.
"C'est la première fois qu'on s'en prend à nous avec un fusil", commentait dimanche le délégué régional des Faucheurs volontaires Claude Peytermann affirmant toutefois que les actions anti-OGM continueraient. Les Verts, le PCF, la LCR et les alternatifs avaient réclamé dimanche la remise en liberté du leader syndical. Ségolène Royal, candidate à l'investiture présidentielle socialiste, a estimé pour sa part que la lutte de José Bové était "un bon combat" tout en se déclarant "pas favorable à l'atteinte au droit de propriété". La candidate socialiste a promis "un moratoire sur les condamnations liées aux OGM" si elle arrivait au pouvoir. L'Association générale des producteurs de maïs (AGPM) a dénoncé au contraire "la violence" des Faucheurs volontaires, estimant que les militants anti-OGM étaient à l'origine de la réaction de l'exploitant agricole. "L'impunité accordée aux Faucheurs, voire les mesures d'amnistie annoncées par certains politiques, sont pour nous autant d'encouragements aux Faucheurs", a regretté le directeur de l'AGPM, Luc Esprit.