Les ambassadeurs "n'ont pas réussi à trouver un compromis", a indiqué un porte-parole de la présidence, Mikko Norros. Le sommet aura bien lieu mais le lancement des négociations sur ce nouvel accord devait en être le principal résultat concret: les Européens, de plus en plus inquiets de leur dépendance croissante envers les hydrocarbures russes, le jugent crucial pour renforcer leur sécurité énergétique. Mais Varsovie refuse de démarrer ces pourparlers tant que Moscou maintiendra son embargo sur la viande et les légumes polonais, imposé depuis novembre 2005 au motif que les garanties sanitaires sur les produits polonais sont insuffisantes.
La Pologne émet aussi des réserves sur la position de l'UE face à la Russie en matière énergétique. Pour satisfaire Varsovie, Les Finlandais avaient proposé mercredi de faire entériner par les 25 deux courtes déclarations, l'une dans laquelle ils demanderaient à la Russie de lever cet embargo le plus vite possible, et l'autre dans laquelle ils rappelleraient que les négociations sur le partenariat, une fois ouvertes, pourraient être suspendues à tout moment. Ils ont proposé jeudi d'ajouter aussi une déclaration polonaise sur l'importance de la sécurité énergétique et du traitement égal de tous les Etats membres de l'UE par la Russie, selon une source diplomatique. Et un autre texte assurant que si l'embargo russe sur les produits polonais n'était pas levé d'ici 50 jours, les négociations pourraient être suspendues.
Le président de la Commission José Manuel Barroso a lui aussi essayé de rassurer la Pologne. Il a téléphoné jeudi matin au Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski pour lui "exprimer son entière solidarité", et souligner qu'il considérait l'embargo comme "disproportionné" et "une réaction excessive" de Moscou, a indiqué sa porte-parole Pia Ahrenkilde. Face à la détermination polonaise, Moscou n'a pas montré de volonté particulière d'accélerer la levée de l'embargo, au contraire. "Nous n'allons pas étudier les questions relatives à la Pologne tant que ne seront pas réglés tous les problèmes liés à l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Union européenne" prévue au 1er janvier 2007, a déclaré jeudi Sergueï Dankvert, chef des services sanitaires russes, cité par l'agence Interfax.
Au-delà de l'embargo sur les produits polonais, la Russie fait planer la menace d'une interdiction des importations de tous les produits animaux de l'UE, invoquant des inquiétudes liées à la fièvre porcine qui sévit en Roumanie et en Bulgarie. L'UE tentait néanmoins de faire bonne figure avant le sommet de vendredi. Le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, depuis La Haye, a en effet estimé que malgré ce désaccord, l'UE réussirait à "surmonter ses différences et approfondir ses relations avec la Russie", a indiqué sa porte-parole Cristina Gallach. De son côté, Vladimir Poutine -- dont les conseillers avaient d'avance minimisé les conséquences d'un maintien du veto polonais -- est arrivé comme prévu vers 16H00 locales (14H00 GMT) à Helsinki pour des entretiens d'abord bilatéraux avec son homologue finlandaise Tarja Halonen.