Les deux gérants de la société ont été interpellés sur place et déférés devant la justice à l'issue de leur garde à vue à la direction départementale de la police aux frontières (PAF), nouvellement créée dans ce département. Une douzaine de salariés ont également été interpellés et font l'objet d'une procédure ouverte pour "travail dissimulé", selon une source policière. La viande, dont on ignorait mercredi en fin d'après-midi la provenance exacte, était reconditionnée dans cet entrepôt le week-end. Elle était ensuite revendue "telle quelle" sur les marchés d'Ile-de-France ainsi que sous forme de plats cuisinés ou reconstitués en merguez par exemple.
La viande a été placée sous scellés, a-t-on précisé de même source, ajoutant qu'il s'agissait d'un "record" et de "la plus grosse prise de ce genre effectuée" en France. Les plus importantes quantités de viande avariée auraient été écoulées sur des marchés situés dans le département des Hauts-de-Seine, selon les éléments de l'enquête conduite sous la responsabilité du parquet de Pontoise (Val d'Oise). Les gérants sont présumés avoir repris "artificiellement" une société officiellement rayée de la carte et notamment des listes de l'Union de recouvrement de cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales (Urssaf) qui aurait été abusée pour la partie la concernant dans cette affaire. Ils ont créé de toutes pièces les "Comptoirs fermiers d'Auvergne"/Chevallier et frères", une nouvelle société, selon la source, sans s'acquitter des cotisations habituelles.
Ce fut apparemment le début de l'enquête de la PAF aidée de plusieurs services d'autres administrations qui y ont participé, vétérinaires, fiscaux et ceux luttant contre le travail illégal. Des faits de fraude fiscale pourraient être reprochés aux deux gérants, a ajouté la source, l'enquête se poursuivant mercredi. Les enquêteurs ont observé que les "Comptoirs fermiers d'Auvergne" avaient une "activité florissante" et que l'affaire était prospère et son activité "très importante". Elle possédait sept camions frigorifiques, afin de transporter la viande, qui ont été saisis. Près de quinze tonnes de viande, dont "une partie" était avariée, avaient été saisies en mai 2005 dans une entreprise de viande hallal de Vaulx-en-Velin (Rhône), les prises se chiffrant en général entre une et deux tonnes dans ce genre de dossiers. En Allemagne, en novembre 2005, une série de scandales de viandes avariées remises en vente sous un étiquetage falsifié ou de déchets d'abattoirs transformés pour la consommation humaine, avaient contraint les autorités à réagir.