Importance du stade du blé dans la stratégie fongicide

La prévision ou le repérage du stade peuvent dans certains cas permettre de déterminer les périodes de risque pour chacune des maladies. Exemple : le piétin au stade 1 nœud ou la fusariose au stade floraison.

Pour la pratique, j’ai réalisé un outil qui permet de modéliser tous les stades de différentes cultures, me permettant plusieurs jours à l’avance et sans me déplacer dans mes parcelles de connaître en consultant mon ordinateur les différentes stades, toujours dans un soucis de gain de temps.

J’ai travaillé sur 4 cultures qui sont : le blé, l’escourgeon, le colza, et le soja (mon modèle stade soja a été réalisé afin qu’il soit fonctionnel également aux Etats-Unis, pour modéliser la rouille asiatique du soja, maladie très dévastatrice en fin de cycle).

Stade épis 1 cm

Le stade épis 1 cm, est le moment où la plante commence à se redresser et cesse la formation de talles. Le potentiel maximum d’épis mètre carré est déjà mis en place. Au moment de ce stade, il faut savoir que la dernière feuille étalée visible est la F5 définitive dans une grande majorité des cas.

 

Pour prévoir ce stade, mon modèle cumule les sommes de température depuis le semis, mais celles-ci sont variables et dépendent de plusieurs paramètre qui sont : la variété, la date de semis, la latitude, la longitude, la photopériode (durée du jour) et également la densité de la végétation (il peut y avoir des écarts de stade de 5 à 7 jours pour des densités différentes).

 

A titre d’exemple pour une variété tardive de type Charger semée le 1er octobre, la culture devra recevoir un cumul de température base 0 depuis le semis dans la région de Beauvais entre 1080 et 1110 °.

                                  

Date de réalisation du stade épis 1 cm                        

 

 

 

Durant ce stade, il est déjà possible d’observer le piétin et de faire une approche afin de quantifier l’inoculum de départ pour la septoriose tritici qui influencera 90 % de l’évolution de la maladie dans les semaines qui suivront.

 

En ce qui concerne les interventions fongicides à ce stade, uniquement l’anti-piétin peut se rendre utile avec du prochloraze dans des situations à très fort développement et pour des semis très précoces. (Ex : printemps 2001, pour des semis très précoces en précédent blé)

Stade 2 nœuds

Durant ce stade, les talles montantes seront les futurs épis. A cette époque, la météo est primordiale (déficit hydrique et température) pour la réussite de cette période. Pour modéliser ce stade, mon modèle prend en compte une variable qui s’appelle le phylotherme. Le phylotherme définit la quantité de somme de température base 0 séparant l’émission de deux feuilles successives. Cette valeur est variable et peut être estimée au moment de la levée quelque soit la variété de blé. En moyenne et suivant la date de semis, ces valeurs sont entre 80 et 110° pour un blé, 70 a 90° pour une orge et 70 à 80° pour un colza.

 

La dernière feuille étalée à ce stade est la F3 définitive, il est donc important que cette feuille ne soit pas recouverte de taches de septoriose.

 

Dans la pratique, quand je n’avais pas de modèle, je repérais ce stade en coupant la tige de blé en deux et en mesurant la hauteur de l’épi par rapport au plateau de tallage. Ces valeurs sont variables suivant la hauteur définitive de la céréale donc de la variété.

 

Hauteur de l’épi par rapport au plateau de tallage suivant la variété     

 

 

 

Date de réalisation du stade 2 noeuds        

 

 

Au stade 2 nœuds, le risque maladie devient de plus en plus présent suivant les conditions météo. En effet, il faut savoir qu’une maladie se développe suivant une phase de croissance qui lui est propre mais également suivant le développement de la partie sur laquelle elle se trouve. Concrètement, une contamination en fin d’incubation au mois d’octobre couvrira moins de surface foliaire qu’une contamination au mois de mai pour les mêmes conditions météo.

 

C’est souvent la septoriose qui est la plus envahissante à cette époque lorsque les conditions lui sont favorables. Si l’inoculum de départ est très élevé, il faut souvent intervenir dés ce stade, pour ne pas se laisser dépasser. Un retard de quelques jours dans cette situation peut entraîner des pertes importantes.L’intervention anti-piétin, quand elle est nécessaire, peut avoir lieu à ce moment mais de préférence avec du cyprodonil, le prochloraze étant utilisé avant ce stade. Dans de rares situations d’années très précoces, la rouille jaune peut sévir et c’est souvent dans ces situations qu’elle est la plus explosive.

Stade épiaison-floraison

Pour prévoir ce stade, la durée entre le stade 2 nœuds et l’épiaison est à peu prés de 200 à 240° base 0. Cette valeur est bien sure dépendante du phylotherme et de la durée du jour. Pour la floraison, sous notre latitude ce stade a lieu 1.3 phylotherme en moyenne après l’épiaison.       

Date de réalisation du stade épiaison                          

 

 

Durant l’épiaison, la maladie la plus préjudiciable est souvent la fusariose quand les conditions lui sont favorables. Il est très important de connaître à l’avance le stade floraison afin de coupler cette variable avec les prévisions météo dans le but d’être prêt à intervenir dans le cas de contaminations réussies. Dans certaines régions, il peut y avoir une pression rouille brune qui se développe sur la fin de cycle, il est important de ne pas relâcher la surveillance.

 

       Echelle de notation des stades