De nouvelles matières actives arrivent sur le marché en terme de fongicides. Alors que se profilent des résistances aux maladies difficilement maîtrisables, l’alternance avec les nouveaux fongicides peut se révéler être une solution mais pas toujours rentable dans certaines situations à faible potentiel. Après avoir fait le point sur l’évolution des maladies depuis le début de l’année, je vous présenterai mon raisonnement en terme de programme fongicide suite à la synthèse de tout ce qu’on peut trouver dans la presse (papier et électronique) et dans les réunions techniques hivernales. J'ai plus particulièrement utilisé comme référence le guide "Traitement et intervention des céréales" édité par Arvalis Institut du végétal.
- Evolution de la pression maladie depuis 1mois
La baisse des températures entre le 17 et le 30 décembre a, de façon générale, ralenti l’évolution de la pression maladie. Avec le retour de la douceur et de l’humidité depuis le début de l’année, tout est reparti de plus belle. Sur la région Centre, nous avons dépassé le record historique de 1995 et 2001 en terme de piétin. Par contre dans l’Est de la France, il faut plutôt relativiser cette envolée de pression piétin. En effet, la pluviométrie sur Dijon a été beaucoup moins abondante et a entraîné un développement plus faible, d’où l’importance de bien faire tourner les modèles pour en connaître les risques.
La septoriose évolue au rythme du piétin suivant les régions précitées. Une chose est sûre, c’est que l’explosion sera proportionnelle au développement hivernal si nous avons un printemps favorable à son développement.
Des pustules, même sur variétés tolérantes
Les rouilles n’ont pas été trop ralenties durant ce petit épisode de fraîcheur du mois de décembre et devraient être présentes plus tôt qu’en année moyenne. Il n’est pas rare de trouver en quantité importante des pustules de rouilles sur certaines variétés. Ce qui prouve qu’il y a de grandes chances que cette maladie soit présente en grande quantité et de bonne heure si les conditions météo de février ne lui sont pas défavorables. Seul un froid intense qui serait en mesure de détruire les feuilles inoculées pourrait limiter la progression de la maladie. Il faut savoir que le blé met en place le phénomène de résistance à la rouille un peu plus tard en végétation et ce n’est pas rare de voir des pustules même sur variété tolérante.
![]() ![]() Photos de rouilles prises le 15 janvier 2007 sur blé variété Royssac semé le 17 octobre 2006 à Digny (Eure et Loir) (© DR) |
- Et pour les mois à venir ?
Rien ne devrait s’arrêter, puisque les prévisions à long terme annoncent de l’humidité en quantité plus importante que la normale surtout pour mars et avril, accompagnée d’un peu de fraîcheur sur mars. Ce temps ne devrait pas limiter l’évolution du risque et pourrait bien mettre en défaut la conduite intégrée dans les terres à potentiel élevé.
- Réflexion autour des nouveautés
Le prochloraze et le cyprodinil ne sont plus les seules solutions pour les maladies du pied : le boscalid et le prothioconazole ont rejoint le groupe. L’avantage de ces 2 dernières molécules, c’est d’être efficace sur la septoriose quand elles sont utilisées en T1.
La solution la plus rentable à ce jour reste aujourd’hui le prochloraze. Afin de le renforcer sur septoriose, il est possible de l’associer à de l’Opus.
Si l’intervention du T1 doit viser le piétin en blé sur blé, il est possible de dissocier les matières actives afin d’intervenir avec le prochloraze au stade épis 1 cm et avec l’Opus au stade 2 nœuds. Dans la majorité des cas, les variétés ayant une résistance génétique au piétin (Pr22r28, Mercury, Intense) pourront faire l’objet d’une impasse car l’intervention est rarement rentable si le seuil des 30 % de pieds attaqués n’est pas dépassé au printemps.
T1 : viser le piétin en blé sur blé
En blé sur blé, mon intervention se fera avec un passage au stade épis 1 cm avec du Prochloraze à 1l/ha, si la modélisation reste au niveau actuel. Dans le cas où la pression viendrait à diminuer, j’interviendrais au stade 2 nœuds avec un mélange prochloraze+Opus, si nous avons une pression septoriose.
En ce qui concerne les maladies du feuillage, la maladie qui prédomine au nord de la Loire est la septoriose. Depuis plusieurs année,s nous assistons à une érosion de l’efficacité de certaines molécules. En 10 ans, l’époxiconazole a perdu près de 20 points d’efficacité selon les sources Arvalis. Il est important d’alterner les matiéres actives afin de limiter les risques d’inefficacité des interventions. Pour cette année, de nouvelles molécules arrivent sur le marché et vont permettre d’obtenir de meilleures réponses. Leurs coûts élevés ne rendent pas forcément la marge nette meilleure dans les situations à faible potentiel. Parmi ces nouveautés, on peut citer : Bell, Inputpack, Fandango S, Madisonpack.
L’utilisation à mon premier passage du Pyros+Opus va permettre de limiter la progression de la septoriose. En effet, selon les analyses effectuées par l’Inra et Aravalis et leurs partenaires, le prochloraze est la seule matière active qui soit en mesure de faire régresser les souches résistantes TriMR. Dans le cas d’une pression septoriose plus tard en saison (dernière feuille pointante), je vais appliquer Bell.
Pour les variétés sensibles à la rouille brune (Nirvana, Sankara), il est possible de mélanger du Comet à 0.2 l/ha avec le Bell.
En ce qui concerne la fusariose, de nouvelles solutions s’offrent à nous mais elles ne sont pas forcément rentables. Le prothioconazole associé au tébuconazole reste la nouvelle référence. La meilleure efficacité contre cette maladie sont la résistance variétale associée aux conditions climatiques que l’on a connues en juin 2006. Mais la modélisation associée aux prévisions climatiques permet de prévoir le risque de contamination au moment du stade sensible.
Je prévois donc d’intervenir avec de l’Horizon à 1 l/ha, car c’est une des solutions qui associe rentabilité et efficacité.
Pour en savoir plus : |