Une reprise des négociations délicate pour la France avant l'élection

"Il y a une fenêtre de négociation étroite" à Davos, estime Lionel Fontagné, professeur à Paris I Panthéon-Sorbonne et spécialiste de l'OMC, mais "c'est la réunion de la dernière chance si l'on veut conclure en 2007", d'autant plus que "cela colle assez mal avec le calendrier politique français", ajoute-t-il. Si au Forum économique mondial, qui a débuté mercredi, les principaux acteurs définissent les contours d'un accord général, celui-ci "pourrait être finalisé d'ici la fin de l'année", estime-t-il. Dans le cas contraire, les discussions risquent d'être bloquées pour deux à trois ans.

Le directeur général de l'OMC Pascal Lamy comme le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson ont espéré cette semaine un déblocage des négociations lors du forum. Elles sont gelées depuis l'été. Selon le Financial Times, l'Union européenne pourrait accepter de baisser de 54 à 58% (contre une offre de 39% jusqu'à à présent) ses tarifs douaniers sur les produits agricoles.

En échange, les Etats-Unis diminueraient le plafond de leurs subventions agricoles à un montant compris entre 15 et 17 milliards de dollars (contre 23 milliards aujourd'hui). Mais la ministre française du Commerce extérieur Christine Lagarde a jugé ces chiffres "improbables", se montrant sceptique sur les chances de parvenir à un accord à Davos. A ses yeux, les soutiens agricoles de l'Union européenne à la France ont une "valeur stratégique". Elle a laissé entendre que le gouvernement français pouvait difficilement accepter de nouvelles concessions avant l'élection présidentielle française en avril et mai.

Le principal syndicat agricole français la FNSEA, s'est ainsi alarmé mercredi d'un éventuel accord à Davos qui serait obtenu "sur le dos" des agriculteurs européens, jugeant les agriculteurs français "en danger". Pour Philippe Chalmin, professeur d'économie de l'université Paris Dauphine, la probabilité d'un accord à Davos est très faible, car les démocrates américains, en majorité au Sénat américain, "sont plutôt protectionnistes et ils sont en train de renégocier les subventions agricoles" internes américaines. Plus nuancé, M. Fontagné juge qu'"au-delà des postures liées au calendrier politique, la France est surtout préoccupée par le fait de limiter la casse sur certains secteurs qui risquent d'être particulièrement touchés" par une baisse éventuelle des tarifs douaniers, en particulier la viande et les laitages.

Elle risque toutefois de se retrouver isolée au sein de l'UE, remarque Patrick Messerlin, directeur du groupe d'économie mondiale (GEM) à Science Po. Pour M. Fontagné, plusieurs éléments pourraient favoriser la reprise du dialogue à Davos, notamment le fait que le président Bush, qui cherche à redorer son image ternie par la guerre en Irak, se serait personnellement impliqué sur le dossier. Mais pour les Etats-Unis, parvenir à un accord cette année nécessite d'obtenir du Parlement de prolonger de 4 à 5 mois le mandat de négociation du gouvernement à l'OMC, tout en réussissant à faire accepter de nouvelles concessions sur les subventions agricoles internes en pleine renégociation de la loi agraire. Un pari difficile, surtout si les Français campent sur un position de fermeté.

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