"Nous avons établi des règles précises à suivre et nous sommes confiants qu'elles sont les meilleures pour lutter contre la grippe aviaire", a estimé le porte-parole de la Commission européenne chargé des questions agricoles, Michael Mann. "Ces mesures ont été prises l'an dernier et la maladie ne s'est pas propagée, donc nous n'allons pas paniquer, nous pensons que les mesures seront efficaces", a ajouté M. Mann. Il a ajouté qu'il n'y avait aucune mesure de protection "nouvelle" à attendre des experts vétérinaires des 27 qui se retrouvent mardi à Bruxelles et entendront un rapport des responsables britannique et hongrois sur les mesures prises pour endiguer une propagation du virus.
En février 2006, au moment où le virus hautement pathogène H5N1 progressait rapidement dans l'UE pour la première fois, jusqu'à toucher 14 pays membres, les experts vétérinaires de l'Union avaient approuvé des mesures précises à mettre en place par les autorités sanitaires du pays concerné dès la détection d'un oiseau malade. La principale de ces mesures consiste à isoler la région infectée en instaurant deux niveaux de protection: une zone de surveillance renforcée de 3 kilomètres de rayon autour de l'endroit où l'animal -- qu'il soit sauvage ou d'élevage -- a été trouvé, et une zone de protection dans un rayon de 10 km.
Dans ces deux zones, les déplacements des oiseaux domestiques, qui doivent rester enfermés, sont strictement contrôlés, les marchés et la chasse interdits. Lorsqu'il s'agit d'un oiseau d'élevage, toutes les volailles de l'élevage concerné et des élevages situés à proximité immédiate doivent être abattues. Ces mesures ont été appliquées dès la détection fin janvier d'un cas de H5N1 dans un élevage d'oies en Hongrie. En Angleterre, où un cas de H5N1 a été confirmé samedi dans un élevage de dindes, les mesures sont en train d'être mises en place et les quelque 160.000 volailles de l'élevage touché devaient avoir été toutes abattues dans la journée de lundi.
Selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale, Bernard Vallat, ces mesures sont effectivement efficaces. "On a pu le voir en Hongrie, où la propagation du virus a été arrêtée tout de suite. Cela va sûrement être le cas au Royaume-Uni", a indiqué M. Vallat. "Le spectre d'une panzootie chez les oiseaux domestiques, sur un continent entier, comme cela a été le cas en Asie, est maintenant écarté", a-t-il estimé. En conséquence, l'UE minimise aussi le risque d'une mutation du virus en une forme transmissible aisément d'homme à homme, qui pourrait transformer la grippe aviaire en redoutable pandémie. "Il faut considérer ce problème comme une maladie animale et ne pas intégrer dans ce débat la question d'une pandémie: le risque d'une pandémie est une question totalement séparée.
Nous allons nous concentrer sur l'aspect maladie animale", a ainsi souligné lundi le commissaire européen à la Santé Markos Kyprianou. Bernard Vallat semble d'accord pour dédramatiser. Le virus "reste globalement stable", dit-il. "Pour qu'il devienne pandémique, il faudrait que le changement soit beaucoup plus important. Dans cette fourchette là, le risque de pandémie est nul." La progression du virus début 2006 en Europe n'avait fait aucune victime humaine.
La principale conséquence avait été une chute des prix des volailles dans plusieurs Etats membres, entraînant l'attribution d'aides nationales et communautaires aux éleveurs. Soucieuse de préserver un secteur fortement exportateur de l'UE, le commissaire Kyprianou a appelé les pays tiers à éviter de décréter des embargos sur les volailles des pays touchés. Ce qui n'a pas empêché le Japon et la Russie d'annoncer un arrêt de leurs importations de volailles en provenance du Royaume-Uni.