"Fralib a sa place dans la stratégie industrielle européenne d'Unilever pour le thé mais il faut que Fralib joue sur ses atouts et accepte des efforts de compétitivité", a déclaré à la presse Hervé Laureau, président de Fralib et directeur industriel d'Unilever France pour ce secteur, à l'issue d'une table ronde avec les salariés sous l'égide du préfet des Bouches-du-Rhône. La CGT, majoritaire à 83%, refuse ce plan social et réclame des garanties sur l'avenir du site de Gémenos pour une durée de cinq ans, un engagement impossible à tenir pour la direction. "On parle du sort de 246 familles et on nous oppose les actionnaires et les milliards qu'on leur distribue", a déclaré Gérard Cazorla, secrétaire CGT du CE de Fralib, soulignant qu'Unilever avait engrangé 5 milliards d'euros de bénéfice net en 2006 (+26%). Selon la direction, le coût de production du site de Gémenos est deux fois plus élevé que celui de l'autre usine de thés d'Unilever produisant pour l'Europe de l'ouest, située à Bruxelles.
Pour l'usine belge, le coût de production par rapport au chiffre d'affaires est de 11% alors qu'il atteindra 24 à 25% à Gémenos d'ici deux ans sans réduction d'effectifs et restructuration, indique M. Laureau. L'objectif d'Unilever est de maintenir ce coût aux alentours de 20%. "Le but n'est pas de réduire les coûts par deux. On n'est pas dogmatiques, on accepte des écarts parce qu'ils sont justifiés", ajoute M. Laureau. Pour lui, alors que l'usine bruxelloise est spécialisée dans les sachets de thé pyramidaux, haut de gamme, le site de Gémenos produit des sachets "classiques", le plus gros marché d'Unilever en volume, pour la France, l'Italie et depuis peu de temps les Pays-Bas. Fralib dispose donc d'un potentiel réel si la compétitivité est améliorée, résume le dirigeant.
Les syndicats de Fralib rejettent quant à eux toute comparaison entre Gémenos et Bruxelles, notant que le site belge produit principalement du thé noir avec des lignes de production qui sont identiques toute l'année, tandis que Gémenos fabrique différents thés avec des productions qui peuvent varier plusieurs fois dans la semaine. Ils ont obtenu lors de la table ronde qu'un expert mandaté par les salariés visite l'usine de Bruxelles pour que cette comparaison soit "contradictoire". La direction s'est également engagée à entamer des discussions sur les départs volontaires avant d'entamer les procédures de licenciement. Le prochain comité d'entreprise doit se tenir le 19 février. Une journée d'action nationale des usines Unilever, sous le coup de multiples plans restructurations, est prévue jeudi devant le siège français du groupe à Rueil-Malmaison.