Les débats ont longuement porté sur un précédent contrôle qu'avait subi l'accusé deux ans avant la venue dans son exploitation de Daniel Buffière et Sylvie Trémouille. Il a particulièrement mal vécu cette nouvelle inspection, après avoir déjà été condamné, injustement selon lui, à une amende pour emploi d'un travailleur illégal.
La présence mercredi à la barre de Nadine Moreau, qui avait elle-même contrôlé Duviau en 2002 et travaillait avec Mme Trémouille au sein de l'Inspection du travail, de l'emploi et de la prévention sociale agricole (ITEPSA), a entraîné une mise au point inattendue de l'accusé sur son geste. "J'ai vu dans des dépositions la soi-disant ressemblance physique entre Nadine Moreau et Sylvie Trémouille. Ca n'a rien à voir ! Mme Moreau a peut-être besoin que je lui dise ça", lance Duviau en regardant fixement l'ancienne collaboratrice de la victime, qui a depuis arrêté les contrôles directs. Le 2 septembre 2004, "Mme Trémouille ne m'a pas adressé la parole et je ne lui ai pas adressé la parole, elle est morte pour rien !", lâche l'accusé, les larmes aux yeux, tandis que sa voix s'étrangle.
Enfonçant le clou après cette déclaration, plusieurs responsables de l'inspection du travail en Dordogne se sont appliqués à mettre en avant les missions de "conseil" plus que de "répression" des contrôleurs du travail. "L'objectif n'est pas de constater des infractions mais d'appuyer la profession agricole. Au travers du journal +Réussir le Périgord+, nous annonçons chaque grande campagne de contrôle", explique Dominique Sorain, ancien directeur départemental du ministère de l'Agriculture en Dordogne. Seuls 15 à 20 procès-verbaux sont dressés dans le département chaque année, "un chiffre très limité", dont un tiers uniquement concerne l'emploi de main d'oeuvre saisonnière en situation irrégulière.
En revanche, entre 150 et 200 actes d'agression contre les contrôleurs sont recensés en moyenne en France, un chiffre qui a doublé en 2004 après le drame, avant de se stabiliser à son niveau antérieur en 2005 et 2006. Alain Cournil, directeur de la Mutualité sociale agricole en Dordogne où travaillait Daniel Buffière, n'en revient pas de l'image négative des contrôleurs du travail. "Quand je pense à Sylvie Trémouille et Daniel Buffière, une jeune femme souriante et frêle et un petit bonhomme de moins d'un mètre 65, ils n'ont vraiment rien de shérifs !", s'exclame-t-il.
Sylvie Trémouille, présentée par ses proches comme "ayant un comportement exemplaire dans sa vie professionnelle", avait été promue en 2003 contrôleur du travail, après des années passées à l'accueil du public. Une promotion rarissime qui ne s'est d'ailleurs jamais reproduite au sein de l'ITEPSA. Quant à Daniel Buffière, il a été présenté comme ouvert au dialogue, ayant baigné toute sa vie dans la vie associative. Les experts légistes et balistiques ont indiqué que les deux coups de fusil avaient été tirés par Claude Duviau quasiment à bout portant, l'un à 60 cm de M. Buffière, l'autre à 3,30 m de Mme Trémouille. Les victimes ne sont pas mortes sur le coup mais elles ne pouvaient pas s'en sortir, "même avec les meilleurs spécialistes de la terre", a souligné le président Jean-Alain Nollen.