"La Commission a reçu des indications des autorités polonaises que la Pologne serait en position de donner son accord au lancement des négociations", a déclaré le porte-parole de la Commission européenne, Johannes Laitenberger. La veille, lors d'une réunion des ambassadeurs de l'Union européenne, le représentant polonais avait pour la première fois depuis novembre accepté de lever son veto. Mais cet accord des ambassadeurs doit encore être confirmé lors d'une prochaine réunion des ministres des 27. Selon des diplomates, cette validation reste encore incertaine, car la source première du veto polonais --un embargo russe sur la viande et les légumes polonais-- n'a pas encore été résolue. A Varsovie, les frères Kaczynski, le président Lech et le Premier ministre Jaroslaw, n'ont pas donné publiquement des indications très claires mais ils ont tenu ensemble une réunion mercredi sur le sujet.
"Nous lèverons notre veto quand nous aurons des garanties que l'embargo sera levé", a indiqué Lech Kaczynski. La Russie a justifié son embargo par des fraudes et le non-respect des normes sanitaires dans les exportations agro-alimentaires polonaises. La Pologne, qui assure que son manque à gagner actuel atteint 400 millions d'euros, estime que l'embargo est purement politique. La Commission européenne a conclu après inspections que ses strictes normes sanitaires étaient respectées mais elle n'a pas convaincu la Russie. Jaroslaw Kaczynski a expliqué que la Pologne avait fait un pas en acceptant la tenue d'une réunion des ministres européens consacrée au mandat de négociations du futur accord UE/Russie. "Il s'agit de notre part d'un geste de très bonne volonté à l'égard de la Russie", a-t-il dit. Mais il a ajouté: "La tenue de cette réunion et l'approche réelle de la question dépendent des décisions de Moscou. A présent, nous attendons ces décisions", a-t-il dit.
Echaudés par les vetos successifs des frères Kaczynski dans divers dossiers, la Commission et l'Allemagne, qui préside actuellement l'UE, sont restés très prudentes sur les chances d'un accord prochain de la Pologne. "J'espère que cela va arriver mais je n'ai aucun pourcentage de probabilité", a dit le président de la Commission José Manuel Barroso. "C'est seulement un premier pas et non la solution définitive", a dit de son côté le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Martin Jäger. L'Allemagne espère que le problème sera réglé à temps pour le prochain sommet Union européenne-Russie le 18 mai à Samara (Russie). Russie et l'Union européenne pourraient ainsi lancer les négociations d'un accord, qui doit comporter un volet sur la sécurité énergétique de l'Europe. Pour Pawel Swieboda, un ancien haut diplomate polonais qui dirige un centre de recherche sur l'Union européenne, les signaux polonais sont destinés à "inciter la Russie à lever l'embargo au cours des deux prochaines semaines". "Cela permettrait aussi bien à la Russie qu'à la Pologne de sortir du problème tout en sauvant la face", dit-il. Il estime que les frères Kaczynski veulent montrer qu'ils ne sont pas uniquement un facteur de freinage dans l'Union européenne, d'autant qu'il y a d'autres sujets importants qui se profilent comme la discussion du traité constitutionnel. "Pour Poutine qui est à la fin de son mandat, il est aussi dans son intérêt de régler rapidement le problème, s'il veut comme il l'a récemment annoncé, vraiment renforcer les liens entre l'Union européenne et la Russie", a-t-il ajouté.