Entretien et règlage du pulvérisateur : quelles recommandations, quelles obligations ?


(© Terre-net.)
L'équipement, l'entretien et le réglage du pulvérisateur se résume en 7 chapitres.

  • 1ère étape - Point sur l'équipement obligatoire ou recommandé du pulvérisateur - Révision en début de campagne:

Contrairement à une directive, une norme est facultative. L’application de la norme EN907 (de sécurité) par les constructeurs permet de garantir la conformité du pulvérisateur vis-à-vis de la directive Machine. Elle amène des « plus » au niveau de la sécurité de l’utilisateur. La norme EN12761 (environnement) recommande des éléments visant à l’amélioration des pratiques et une réduction des risques de contamination de l’environnement lors de l’utilisation des pulvérisateurs.

Voici la liste des équipements recommandés ou obligatoires, ainsi que les consignes de révision du pulvérisateur à faire en début de campagne:

Equipement pulvérisateur
Ce qui dit la règlementation en terme d’équipement
Conseils entretien / révision à effectuer
Manomètre (ou indicateur de pression électronique)
  • Directive « Machine » : interdiction d’utiliser un manomètre dans la cabine si directement en liaison avec une canalisation de bouillie
  • Norme EN907 (de sécurité): dimension et indication admissible normalisées ; trait rouge pour indiquer la pression max admissible, soupape de sûreté pour empêcher la pression de dépasser de + de 20% la pression admissible du circuit indiquée par le constructeur ; pression admissible mentionnée sur les tuyaux
  • Norme EN 12761 (Environnement) : une précision de + ou – 0,2 bar entre 1 et 8 bars, et une graduation tous les 0,2 bars
  • Contrôler le bon état, la lisibilité depuis le poste de conduite (diamètre > 100mm si situé à plus d’1 mètre du conducteur); la qualité et le bon fonctionnement du manomètre conditionnent pour une grande part la réussite des traitements
  • Utiliser de préférence un manomètre à double échelle. La plage de lecture des pressions usuelles est plus précise, car dilatée. Protéger le manomètre du gel, des chocs.
 
Cloche à air lorsqu’elle existe
 
  • Contrôler le bon état ; percée ou sous gonflée, des phénomènes de pulsations sont visibles au niveau des buses. La pression de gonflage doit être comprise entre 0,3 et 0,5 fois la pression de travail.
Tuyauteries + Colliers de serrage
  • Présence de canalisation de bouillie non protégée interdite en cabine
  • Contrôler le bon état des joints, pliures, perforation, porosité
Filtres
  • La maille doit être conforme au type de buse
  • Ils doivent être facilement accessibles et démontables, même cuve pleine
  • Contrôler le bon état + propreté
 
Buses
  • Norme EN12761 (environnement) : les buses d’extrémités doivent être protégées sur les rampes. Elles doivent avoir une position prédéterminée pour orienter le jet et éviter la dispersion du produit. Leur débit ne doit pas différer de plus de 10% par rapport à la valeur de référence
  • Norme EN907 (sécurité) : les buses doivent être équipées d’un dispositif anti-gouttes
  • Contrôler l’usure, position, écartement (équidistance), la verticalité et l’absence de colmatage des buses
  • Nettoyage : par brossage à l’eau (brosse douce pour ne pas abîmer la buse) et par soufflage à l’air comprimé (compresseur, bombe de gaz inerte, souflettes,…), éventuellement précédés d’un trempage dans un solvant approprié
Dispositifs anti-gouttes
  • Norme EN907 (de sécurité): l’écoulement de liquide ne doit pas dépasser 2 ml par buse pendant 5 minutes. L’organe de service doit pouvoir être actionné depuis le poste de conduite
  • Norme EN12761 (environnement) : privilégier l’antigoutte à membrane, système le plus simple et le plus facilement adaptable pour répondre à ces exigences
  • Contrôler le bon état + nettoyage
Rampe, tronçons
  • Norme EN907 (sécurité) : les automoteurs munis de rampes frontales doivent être équipés d’une cabine et le point de repère du siège du conducteur doit être à plus d’1 mètre au-dessus de la hauteur maximale de travail de la rampe
  • Norme EN12761 (environnement) : les tronçons ont une largeur max de 4,5m jusqu’à 24 m de rampe, 6 m au-delà. Les tronçons escamotables doivent avoir une longueur de min 5% de la largeur de la rampe.
  • Pliage et dépliage des rampes : Norme EN907 sécurité : lors du pliage/dépliage, aucune des parties des rampes ne doit dépasser 4 m de hauteur. En cas de dépassement, mentionner en cabine « Risque de contact avec fils électriques ». Un dispositif empêchant tout mouvement de la rampe pendant le transport doit être fourni. Le dispositif de verrouillage et les opérations de pliage/ dépliage doivent être commandés par des systèmes séparés. L’ajout d’un dispositif de blocage mécanique ou hydraulique est préconisé
  • Contrôler l’horizontalité, le jeu au niveau des articulations, le bon état général
Echelles et plate-formes
  • Norme sécurité EN1553 : elles sont normalisées pour garantir la sécurité de l’opérateur
 
Ventilateur, turbine
  • Directive « machine » : toute turbine doit être protégée de sorte qu’on ne puisse y introduire une quelconque partie du corps ou d’un vêtement.
  • Norme EN907 (sécurité) : l’entraînement de la turbine doit se dissocier aisément de celle de la pompe
  • Contrôler le bon état, la présence et état des carters de protection de la turbine
  • Protection de la périphérie des ventilateurs, accessibilité au débrayage du ventilateur
  • Avant toute intervention, veiller à couper le moteur du tracteur
Cabine
 
  • Préconisation de cabine étanche et filtration efficace (filtre à charbon actif) pour les automoteurs
Pompe
 
  • Vérifier les niveaux d’huile dans la pompe (procéder à une vidange annuelle) et les boîtiers de transmission.
  • Vidange de la solution anti-gel le cas échéant (à récupérer et à éliminer car dangereux pour l’environnement).
Transmissions, articulations, mécanismes de suspension des rampes, pièces mobiles,
cardans
  • Directive « machine » : tout arbre tournant doit être protégé, notion pas limitée à la seule transmission de prise de force. Lors de son dételage, il doit être posé sur son support.
  • Vérifier le graissage des pièces mobiles et articulations
  • S’assurer de la présence des dispositifs de protection entière sur transmissions et cardans ; présence de chaînes d’immobilisation et boucliers de protection côté machine et tracteur
Courroies
 
  • S’assurer de la tension correcte
Cuve du pulvérisateur
  • Norme EN907 (sécurité) : le vol. total de la cuve doit être > au vol nominal (vol affiché dans les caractéristiques du mat.) d’au moins 5% afin d’éviter le débordement de la mousse éventuellement formée. L’indication « il est interdit de pénétrer dans la cuve » doit être mentionnée.
  • Norme EN12761 (environnement) : le vol de la cuve doit être multiple de 100L. La vidange de la cuve doit être totale et conçue pour éviter les ouvertures accidentelles
  • Les conduits pour le remplissage ne doivent pas permettre le retour de liquide vers l’alimentation
Incorporateur de produit
  • Directive « machine » : la partie supérieure, même équipée d’un incorporateur, doit être accessible, sans danger. Lors de la vidange, le flux de liquide doit être dirigé loin de l’opérateur
.
  • Présence fortement conseillé, et obligatoire lorsque la trappe de remplissage est disposée à plus de 1,5 m du sol et à plus de 30 cm du bord de la cuve
 
Rince bidon
  • Norme environnement : fortement conseillé pour satisfaire un bon rinçage ; à défaut rincer les bidons 3 fois
 
Bidon rince main
  • Directive « machine » : doit avoir une contenance min de 15 L. Ne doit contenir que de l’eau claire pour que l’utilisateur puisse se rincer rapidement au champ
 
Cuve de rinçage
  • Norme EN12761 (environnement) : doit avoir un volume de 10% de la cuve du pulvé ou de 10 fois le volume résiduel diluable. L’indication « cette cuve ne doit contenir que de l’eau claire » doit être mentionnée. Pulvé portés : respecter le vol de 10% de la cuve - pour les pulvés tractés, la cuve doit avoir un volume min de 100 L.
  • Modalités de rinçage à la parcelle => voir chapitre 4
  •  Possibilité de compléter la cuve de rinçage par un dispositif de buse de rinçage rotative à l’intérieur de la cuve principale
Jauge de remplissage
  • Norme EN12761 (environnement) : la jauge doit être visible du poste de remplissage et de conduite, et la précision de chaque valeur de jauge doit répondre à + ou – 5%.
  • Avoir une jauge bien lisible, éviter les indicateurs translucides moulés dans la cuve et préférer une zone franchement distincte, mieux encore un système de flotteur plus sûr
Notice d’instruction
  • Directive « machine » : elle doit être rédigée en français et contenir en particulier : les procédures de remise en service après hivernage, les méthodes de réglage de la pression, les réglages à réaliser pour l’emploi des différentes buses, procédure à suivre pour le remisage de l’appareil et toutes les recommandations pour la sécurité
  • A consulter !
Stabilité de l’appareil
  • Norme EN907 sécurité : l’appareil dételé, rampes repliées doit rester stable jusqu’à une pente de 8,5° dans toute direction.
 
  • Veiller à l’état des béquilles de repos et/ou à l’utilisation de cales de maintien appropriées
Signalisation de l’appareil
  • La signalisation des outils arrière portés est réglementée depuis le 1er mars 2007. Voir arrêté du 4 mai 2006 relatif à la circulation des véhicules et matériels agricoles et de leurs ensembles.
 

Le diagnostic du pulvérisateur par un agent agréé est recommandée (pas encore obligatoire; prévu pour 2009). Renseignements auprès de votre chambre d’agriculture ou de votre fédération départementale Cuma. Dans le cadre du référentiel agriculture raisonnée, il est conseillé de le faire tous les 3 ans. Le Corpen suggère un auto-diagnostic régulier (une fois par an).

  • 2ème étape - Test du pulvérisateur : vérification en service

Rincer et tester préalablement le pulvérisateur à l’eau claire. Cela permet de vérifier :

- l’absence de fuites des circuits
- la vitesse de rotation de la prise de force
- l’état et la pression de réglage de la cloche à air (le cas échéant)
- la justesse du manomètre et pression de travail
- retours compensés bien réglés
- les débits individuels des buses à une pression donnée, remplacer plus aisément les buses et les joints le cas échéant
- la vitesse de soufflerie et l’orientation des vents pour les appareils pneumatiques
- Remplissage de la cuve de rinçage et bidon lave-main.

  • 3ème étape - Réglage du pulvérisateur avant application:


Un bon réglage du pulvérisateur conditionne directement l'efficacité du traitement, et limite le risque des dégâts aux cultures et pour l'utilisateur (© Terre-net.)
Cela revient à définir avec cohérence les valeurs volume / ha recherché, pression d’utilisation adaptée et vitesse d’avancement souhaitée. La fiche éditée par le Corpen reprend en détail la démarche à suivre :  http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/eau/fiche_tam_II_4.pdf
En voici les principales étapes:

- choix du volume hectare, vitesse, pression.
- mesurer la vitesse de déplacement réelle avec le rapport et le régime de rotation du moteur selectionnés
- calculer le débit du pulvérisateur nécessaire
- choix du couple buse / pression
- mesurer le débit réel de pulvérisation dans les conditions du travail, et enfin ajuster le débit pour qu’il corresponde au débit souhaité.
- ajuster hauteur de rampe, organes de pulvérisation (inclinaison des buses, hauteurs de diffuseurs,…)

- Test avec des papiers hydrosensibles.

  • 4ème étape - Entretien pendant la période d’utilisation (après application en fin de journée) :

Il est essentiel pour obtenir des réglages précis, une répartition homogène de pulvérisation, éviter le risque de bouchage et de panne et d’accroître la durée de vie du matériel.
Ne jamais laisser de bouillie dans l’appareil ; la norme EN12761 (Environnement) stipule concernant le fond de cuve :

- appareils à jet projeté : le volume résiduel total doit être < à 0,5% du vol de cuve auquel s’ajoutent 2 L/m de rampe.
- appareils à jet porté ou pneumatiques : le fond de cuve maximal est de 4% du volume nominal de la cuve pour un volume de cuve inférieur à 400L, de 3% pour un volume de cuve compris entre 400L et 1000L et de 2% pour un volume de cuve supérieur à 1000L.

La vidange de la cuve doit être totale et conçue pour éviter les ouvertures accidentelles. Le brassage doit permettre des écarts de concentrations inférieurs à 15%. La vanne doit être protégée contre toute ouverture intempestive.

- Diluer le fonds de cuve et l’épandre au champ à grande vitesse, ou dispositif Phytobac, etc.
- Rinçage du pulvérisateur intérieur et extérieur, sur une aire adaptée
- Nettoyage des buses, filtres et antigouttes
- Vérifier les tuyauteries flexibles, raccords, tension des courroies, buses et anti-gouttes défaillants.

  • 5ème étape - Règles pour le remisage en fin de saison

- Nettoyage à l’eau avec une solution détergente
- Rinçage abondant
- Nettoyage des filtres et des buses avec une brosse douce, de l’extérieur du pulvérisateur
- Vidange complète du circuit de liquide
- Ajouter de l’antigel si le circuit ne peut être totalement vidangé
- Détendre courroies de transmission, décomprimer les ressorts du régulateur de pression, dégonfler la cloche à air, graisser les parties mécaniques mobiles et particulièrement les dispositifs de réglage de hauteur et de stabilité des rampes, vidanger le carter de la pompe et remplacer l’huile, vérifier l’état du manomètre, protéger les parties métalliques à nu avec un produit adapté, retouches de peinture.

  • 6ème étape - Conformité du pulvérisateur dans le cadre d’une vente :

- Matériel neuf : depuis 1995, le matériel vendu neuf doit être conforme à la directive « machine ». le matériel vendu doit alors porter une plaque CE et être vendu avec une déclaration de conformité, par laquelle le vendeur auto-certifie la conformité de son matériel et engage sa responsabilité.
Présence d’une plaque signalétique sur le pulvérisateur: norme EN 907 (sécurité) : il faut y trouver (entre autres) : nom et adresse du fabricant, année de construction, type de série, n° de série, pression admissible, masse à vide, poids total admissible, régime PTO et sens de rotation.

- Matériel d’occasion : vendus par un agriculteur ou un concessionnaire, ils doivent également être remis en conformité et accompagnés d’un auto-certificat. Dans le cadre d’une reprise de matériel par un concessionnaire, l’agriculteur n’a aucune obligation de remise en conformité.
Pour vérifier la conformité d’un matériel, consultez le document de référence édité par le Cemagref sur la « mise en conformité des machines mobiles agricoles et forestières ».

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