« Nous ne disposerons d’aucune innovation en insecticide avant une dizaine d’années », annonce Eric Cochu, chef de marché chez Syngenta Agro. Exigences réglementaires toujours accrues, pression environnementale, aucune nouvelle matière active n’est attendue. Ce qui rend cruciale l’utilisation parfaitement appropriée des produits : la bonne dose au bon moment, pour retarder l’apparition de résistances et prolonger le plus longtemps possible l’efficacité des molécules aujourd’hui disponibles. Par ailleurs, les agriculteurs vont être amenés, de plus en plus, à justifier la pertinence de leurs interventions. « Non seulement tout traitement devra être raisonné, mais, dans un avenir proche, il faudra pouvoir apporter les preuves du caractère inévitable de l’application, soit des preuves de nuisibilité dans le cas des insectes. »
 Le virus de la Jno est transmis par la principale espèce de pucerons Rhopalosiphum pardi, puceron ailé qui acquiert son pouvoir virulifère auprès de graminées sauvages et transmet la maladie par ses piqûres sur les céréales en automne. Ce puceron se reproduit de manière exponentielle et génère des pucerons aptères qui vont disséminer le virus de plante à plante (© Syngenta Agro) |
Pour cela, il faut pouvoir disposer d’informations réelles sur la situation des ravageurs. Pour faciliter une prise de décision raisonnée quant à l’opportunité ou non d’intervenir, Syngenta a mis en place et consolidé depuis 10 ans un réseau d’observation des insectes essentiellement sur céréales d’hiver (pucerons, cicadelles) mais aussi sur colza (pucerons, altises, tenthrèdes). Conçu comme un outil d’aide à la décision, l’observatoire Vigie Virose rend compte chaque semaine, en temps réel, sur une durée de 3 à 4 mois en automne, de la présence des ravageurs, dans toutes les régions de culture à une échelle très locale.
Des populations maintenues pendant l'hiver
La nuisibilité des pucerons sur céréales (orge, blé) peut atteindre des seuils très élevés. En automne, les pucerons du feuillage peuvent transmettre le virus de la jaunisse nanisante de l’orge (Jno), qui peut entraîner, sans intervention, jusqu’à 100% de pertes de rendement sur orge et 30q/ha sur blé. L’automne dernier, particulièrement chaud, a été favorable au fort développement des insectes ravageurs. « La protection insecticide par enrobage des semences n’a pas toujours suffi et a dû être relayée par des traitements foliaires », souligne Sébastien Vautrin, expert insecticides foliaires grandes cultures Syngenta. Ainsi sur l’automne 2006, une augmentation de l’utilisation des insecticides de 30% a été constaté, par rapport à l’automne précédent de 2005.
« La capacité de reproduction du puceron est exponentielle et bien corrélée à la température », développe Eric Cochu. « Le contexte climatique particulier de l’hiver dernier n’a pas permis de stopper le développement des populations de pucerons et nous avons observé très tôt ce printemps des symptômes de Jno, conséquences directes de ce phénomène. Il a été nécessaire de protéger les semis de céréales au printemps quasiment dès la levée et je pense que nous aurons prochainement de grosses surprises aussi bien en colza qu’en céréales. »
La persistance du réseau depuis 10 ans témoigne de son intérêt pour les agriculteurs. Dans le département de l’Aube, une centaine d’agriculteurs clients du distributeur Nouricia a souhaité se former pour devenir référents dans le piégeage des pucerons. Depuis 10 ans, le service s’est étoffé et le retour d’expérience va tout à fait dans le sens d’une utilisation raisonnée, « en gardant à l’esprit l’optimisation du rendement, qui reste une priorité de la firme. On constate sur les dix dernières années que les insecticides sont utilisés au dernier moment, quand les parcelles sont dans une situation de nuisibilité réelle. Il n’y a plus de surconsommation d’insecticides », conclu Eric Cochu.
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