Saule, eucalyptus, peuplier, robinier faux-acacia, sont les principales essences « cultivables en taillis », en d’autres termes qui ont l’aptitude à supporter des coupes fréquentes. « Il s’agit de bien faire le diagnostic des parcelles pressenties, capables de porter les essences en fonction des conditions de sol » explique Alain Berthelot, ingénieur recherche à l'Afocel, centre technique dédié à la filière forêt bois papier.
Saule et peuplier sont par exemple des essences productives mais exigeantes, qui ont besoin de sols profonds, de bonne qualité, riches et bien alimentés en eau, « un peu comme des terres à maïs ». L’eucalyptus, le résineux ou le robinier faux accacia sont des espèces plus rustiques et moins exigeantes, mais avec des rendements moindres. « Choisir le bon arbre sur le bon sol est très important » résume Alain Berthelot. « Ce n’est pas comme pour les céréales, on implante un ensouchement, donc si le terrain ne convient pas, le rendement n'est pas au rendez-vous ! ».
![]() Une plantation de Taillis à courte rotation : un besoin de trésorerie important au départ (© Afocel) |
Une filière pas en place
Récoltée tous les 2 ou 3 ans (Ttcr) ou tous les 7 ou 8 ans (Tcr) pendant 20 ou 25 ans, une plantation de ce type, peut être entièrement déchiquetée et vendue sous forme de « plaquettes forestières», destinées à des fins énergétiques. D’où l’importance de vérifier avant tout que les débouchés existent, ou existeront, ou d’avoir un contrat d’engagement. « Les circuits doivent être courts, car le transport coûte cher. L’agriculteur doit donc être dans un rayon de 20-30 km d’une unité utilisatrice, d’une chaufferie, maximum 50 km. Au-delà, la production ne vaut plus le coup économiquement » p révient Alain Berthelot. A moins que les plaquettes ne soient auto-consommées sur l’exploitation, générant ainsi des économies dans les dépenses énergétiques pour l’agriculteur.
Autre point de vigilance : la récolte. Encore peu répandue nationalement, la culture de « Ttcr » nécessite un matériel adapté.
![]() La récolte des Ttcr se fait à l'aide d'une ensileuse automotrice, tous les 2 ou 3 ans. Mais le matériel de récolte reste encore rare en France. (© Afocel) |
Des coûts très variables
Vendu actuellement entre 30€ et 50€ la tonne de bois pour les plaquettes, « le prix devrait être amené à progresser », selon l’ingénieur. « J’y crois beaucoup ; on aura un appel d’air important là où des usines utilisatrice vont se monter, car les besoins en biomasse seront importants et l’offre actuelle ne suffira pas. Les agriculteurs proches des unités seront mis à contribution, les jachères seront mises à contribution pour compenser ce manque ». D’un point de vue économique, l’approche est aujourd’hui délicate, car les coûts d’installation et de récolte sont très variables et la filière naissante. Le développement de ce type de plantations amènera obligatoirement des économies d'échelle et d'organisation lorsque les chaînes d'approvisionnement se mettront en place. De même, l’éligibilité d’un "Ttcr" ou "Ttcr" aux Dpu (sous la condition d’une durée maximale de la plantation de 20 ans), apporte un « plus »; leur durée de vie étant incertaine, leur prise en compte dans les calculs est à relativiser. Pour toutes ces raisons, l’agriculteur doit donc prendre le temps de faire sa propre approche économique et de bien faire le tour de tous ces paramètres pour se décider. Il est probable que ce genre de culture sera amené à se développer dans les prochaines années, à la fois sur des terres agricoles, mais aussi sur des espaces forestiers productifs.
Rentabilité à l’hectare pour une plantation Ttcr de saule ou peuplier, sur 20 ans : Comment calculer ? Cet exemple donné à titre indicatif (chiffres Afocel), pour une plantation d’un hectare de saule, d’une durée de 20 ans, récoltée tous les 2 ans. Sans prise en compte de la main d’œuvre (plantation), des charges fixes et des aides agricoles. Données :
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