L’élaboration du taux de protéines

Sur une grande partie du territoire, nous sommes en formation des grains pour la culture du blé. C’est à ce moment que les protéines migrent vers le grain. Beaucoup de variables rentrent en compte pour l’élaboration du taux de protéine : date et forme de fertilisation, variété, type de sol, etc. mais la variable météo est un des derniers critères sans qui beaucoup d’efforts qui auront été réalisés auparavant auront un impact limité.

L’azote est stocké tout au long du cycle de végétation du blé sous forme de protéines dans les feuilles. Cette forme représente à peu prés 80 % du stockage total, le reste étant sous forme d’acides aminés.

Une grande partie des protéines de la feuille sont stockées dans les cellules sous forme d’une enzyme qu’on appelle la rubisco. Pour que cette enzyme soit véhiculée vers le grain, elle doit subir une dégradation qui entraîne la sénescence des feuilles.

Chaque type d’organe (feuille, tige, épis) contribue donc au stockage des protéines. Ceux sont surtout les feuilles les plus jeunes qui remobilisent le plus. La dernière feuille y contribue à plus de 20 %.

Répartition de l’azote des différents organes du blé à floraison et maturité * (Référence : Perspective Agricoles n° 203)

A la floraison, les organes les plus concentrés sont les 2 feuilles supérieures et à la récolte une grande partie de l’azote a été transféré. Les deux dernières feuilles et la tige contribuent à l’enrichissement du grain à la même hauteur que le reste de la plante. C’est pour cela qu’avec un 3ème apport tardif, l’azote est absorbé en préférence dans les organes en croissance (feuille F1, F2 et épis).

Pour que le transfert se réalise avec un optimum, il est important que les températures soient dans une bonne fourchette. Lors de la formation du grain, on retrouve deux éléments qui sont le carbone et les protéines. L’optimum thermique de transfert est très différent pour ces deux éléments : pour le carbone il est de 14°C en moyenne et de 25 à 30°C pour les protéines.

Il existe une relation entre le nombre de jours supérieurs à 25°C et le taux de protéines. Depuis 1996, je relève le taux de protéines moyen des lots de blé sur mon exploitation et j’ai mis en relation ce taux avec le cumul de température base 25°C.

Sur le tableau ci-dessus, j’ai cumulé pour chacune des années le nombre de jours ainsi que le cumul de températures supérieures à 25°C. Ce cumul a été réalisé sur 2 périodes consécutives au cours de la formation du grain. Nous observons qu’il y a une corrélation entre le taux de protéines sur mon exploitation et le cumul de températures base 25°.

Cette relation ne doit surtout pas être extrapolée à tout autre département et ne reste certainement valable que sur une zone de petite régions, pour un même type de sol et pour une même pratique de fertilisation (mes pratiques de fertilisation n’ont pas changé depuis 1996 : je réalise toujours 3 apports et j’utilise toujours les outils d’aide à la décision).

Comme on peut le voir pour cette année, les températures maxi ne cumulent qu’un seul degré supérieur à 25°C, ce qui laisse prévoir un taux de protéines entre 10 et 10,4 sur mon exploitation.

Je voulais attirer l’attention pour cette année puisque le prix du blé étant très attrayant, beaucoup de contrats de vente à terme pourraient être signés dans les semaines à venir. Vu la climatologie actuelle, il est possible de se retrouver avec des taux de protéines en dessous du seuil de 10,5 (seuil minimum de commercialisation). La prudence s’impose donc lors de la réalisation des contrats. Il serait important d’éclaircir le niveau de réfaction en cas de taux de protéines inférieur au seuil pour éviter les mauvaises surprises.

Bonne moisson à tous !