L'ambassade de Pologne recense officiellement 7.000 saisonniers polonais en France, explique Yann Tardivel, du syndicat Force ouvrière. Mais "en off, tout le monde s'accorde pour dire qu'ils sont environ 22.000", travaillant le plus souvent au noir, ajoute-t-il. En 2006, l'Anaem (agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations) a comptabilisé 17.204 travailleurs étrangers saisonniers, dont 9.943 Polonais, devant les Marocains (6.169) et les Tunisiens (713). "Pour la première fois, on a passé un accord de partenariat avec Solidarnosc, pour informer correctement les Polonais, qui souvent ne savent pas comment se défendre", explique M. Tardivel.
Eva Kedzior, juriste et membre de Solidarnosc, passe donc son été en France avec FO, à la rencontre de ses concitoyens. "La plupart ne parlent pas français et ne connaissent pas les contrats saisonniers, inexistants en Pologne", explique-t-elle. Habitués à travailler 40 heures par semaine dans leur pays, les Polonais sont "souvent victimes d'abus", les employeurs profitant parfois de leurs méconnaissance, souligne la syndicaliste polonaise. Elle évoque notamment le non paiement des heures supplémentaires. "Certains travaillent au final 55 heures et ne sont payés que 35", explique-t-elle. Mais faire valoir ses droits est difficile.
"Les procédures sont longues, et le temps que l'affaire passe en jugement, le salarié est déjà reparti en Pologne", remarque-t-elle. De plus "ils sont souvent prêts à accepter un travail usant, car les salaires sont supérieurs à ceux de leur pays", ajoute M. Tardivel. Mme Kedzior affirme avoir reçu des appels "par dizaine". Mais certains ont été "jetés dehors, pour avoir réclamé leurs droits", dit-elle. "Le besoin d'information est deux fois plus important que le nombre d'appels", explique la syndicaliste, contactée aussi par des salariés polonais non saisonniers, en CDI dans le bâtiment.
Le service téléphonique pour les saisonniers polonais est disponible jusqu'au 18 septembre au: 06 34 49 39 75.
