Depuis plusieurs mois consécutifs, la pluviométrie au-dessus des normales dans certaines régions risque de favoriser le développement des limaces. Les semis de colza vont commencer et elles pourraient faire des dégâts sur les jeunes semis si la surveillance se relâche au cours des premiers jours d’émergence.
En ces circonstances, je souhaitais refaire le point sur la biologie de ce gastéropode et par la même occasion vous montrer la simulation de mon modèle limace pour cette année en comparaison avec des années antérieures réputées dévastatrices en terme de dégâts de limaces.
- Principales espèces
Parmi les limaces causant des dommages dans les cultures en Europe, on rencontre la limace grise (Deroceras réticulum) et la limace noire (Arion hortensis). La limace grise vit 9 à 12 mois et la noire, 12 à 18 mois.
- Activité
Chaque limace a un rythme d’activité variant avec la température et la lumière. L’activité principale a lieu surtout entre le coucher et le lever du soleil et le reste du temps, la limace le consacre au repos dans les refuges. Elle commence son activité à partir de 1°C pour la limace grise et 5°C pour la limace noire mais elles sont à leur optimum à partir de 13°C. En dessous de 0°C, elle descend se réfugier dans des galeries qu’elle trouve. La limace n’a pas l’aptitude à les creuser.
L’hygrométrie est déterminante également puisque la limace se met en activité seulement au dessus de 75 %. A partir de ce niveau d’hygrométrie, elle a la possibilité de se réhydrater par la voie cutanée.
En une nuit, une limace grise peut se déplacer de 2m et consommer la moitié de son propre poids en végétaux.
- Reproduction
La limace est hermaphrodite. Le cycle de la limace noire est annuel et la ponte a lieu au printemps et à l’automne. Elle pond entre 150 et 300 œufs. La limace grise pond en avril-mai et principalement en septembre-octobre. En absence de gel et de sécheresse, elle peut pondre toute l’année. Elle peut pondre à chaque fois entre 300 et 400 œufs en 5 ou 6 paquets. Le développement des œufs nécessite une humidité permanente du sol entre 40 et 80% avec des températures comprise entre 5 et 20 ° C.
La durée d’incubation est liée à la température et nécessite entre 400 et 450° de cumul de température base zéro.
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- la durée hygrométrie supérieure à 80 %
- la température
- la réserve utile du sol labourable dans les 15 cm supérieurs
Comme on peut le voir sur le graphique, depuis le 1er février, seule la période entre le début du mois d’avril et la mi-juin n’ont pas été favorables à l’activité des limaces. Durant tout l’été, la succession d’épisodes pluvieux leur a été favorable et les pontes ont certainement eu lieu fin mai-début juin et les éclosions fin juin. Ce naissain donne donc un potentiel de limaces pour le mois de septembre-octobre très important pour les parcelles qui étaient déjà en présence de limaces au printemps.
Nous voyons bien que par rapport à l’année dernière (graphique n°1), l’activité a été bien supérieure.
La présence de limaces étant très liée à l’historique de la parcelle, il est donc très important de faire le point avant la mise en culture en disposant des pièges au sein d’une parcelle.
Pour ma part, avant la mise en place d’une culture, j’observe l’état des repousses. Ceci me donne un bon aperçu de l’état des choses. Si j’observe des morsures sur celles-ci, alors je dispose après le semis des pièges afin de confirmer la présence du mollusque. A partir de 3 à 5 limaces par piège pour une culture de colza, je mets systématiquement un anti-limaces, surtout dans une parcelle très argileuse.
Au jour où j’écris cet article, le soleil devrait rester au rendez-vous encore une petite semaine et ce sera une solution efficace pour limiter le développement des limaces.