« Je pense que nous sommes à l’aube d’une ère nouvelle »

Premier édition de Tech & Bio

Le 1er salon des techniques de production biologiques s'est tenu dans la Drôme les 7 et 8 septembre dernier. Ce 1er événement national à rassembler les différents partenaires de la filière bio d'amont en aval (producteurs, instituts de recherche, transformateurs,..), a rencontré un franc succès, avec une fréquentation deux fois plus importante que prévue.

Et parmi les visiteurs, beaucoup d’agriculteurs conventionnels en plein questionnement sur l'orientation de leur production. Le salon se déroulait au sein même d’une exploitation bio, celle de Philippe Habrard, à Chantemerle-les-Blés (26).

« J’ai accepté que le salon Tech&bio se déroule sur mon exploitation car j’ai envie de participer à la promotion de l’agriculture biologique et surtout de montrer aux autres que ça marche. Je pense que le bio apporte une réponse à beaucoup de questions agro-environnementales qui sont les sujets incontournables des débats d’aujourd’hui. Il est donc important de diffuser les techniques innovantes que l’on utilise en agriculture biologique, afin de promouvoir une agriculture moderne et respectueuse de l’environnement. J’espère que cet événement pourra être un phénomène déclenchant qui permettra à certains d’évoluer vers le mode de culture bio. »


"J'ai envie de montrer que l'agriculture bio, ça marche", déclare Philippe Habrard. Cet exploitant bio a accueilli le salon Tech&Bio sur sa ferme à Chantemerle les Blés (26). (© Tech&Bio)

 

 

 


 

 

 

 

 

La prochaine édition est déjà prévue dans deux ans avec une envergure non plus nationale mais européenne. Ce projet a en effet été présenté le 4 juillet dernier aux partenaires européens dans le cadre de la mise en œuvre du programme de coopération interrégionale Interreg. L’initiative drômoise ayant été retenue en 2009,  Pôle Végétal de la Chambre d’Agriculture de la Drôme organisera en 2009 un Tech&Bio européen. L’occasion de réunir des chercheurs, des experts, des étudiants, et des agriculteurs de plus de 9 pays européens qui apporteront leurs expériences et feront part des acquis scientifiques dans le domaine de la bio.

Nathalie Petit, Terre Net (NP) : Les surfaces bio en France ont plutôt tendance à stagner, voire régresser. Vous êtes à l’initiative du salon Tech&Bio, vous croyez en un développement de la culture bio dans les prochaines années ?

Claude Aurias, président de la Chambre d’agriculture de la Drôme (CA) : Aujourd'hui des professionnels en crise sur certaines filières s'interrogent, et se demandent si au lieu de produire des grands volumes, il ne vaudrait pas mieux qu’ils se consacrent à une production de qualité, dont la bio fait partie. Des  agriculteurs conventionnels se posent des questions et j’en vois beaucoup sur le salon, parce qu'il y a des perspectives aujourd'hui dans la bio. 95% du volume produit en France aujourd'hui l’est en agriculture conventionnelle. Or nous avons déjà plus de 10% du volume qui est en appel en bio, ce qui représente des marges de progrès considérables, et ce n’est pas fini.

Très sincèrement, je pense qu'on est à l'aube d'une ère nouvelle, dont ce qui se passe aujourd’hui n’est que la genèse. D'ici 10 ans, l'horizon aura complètement changé. Les apports techniques et de recherche vont beaucoup apporter à la bio. J‘ai un exemple récent dans la lutte biologique contre le carpocapse. Aujourd‘hui, il faut pendre des diffuseurs de phéromones toutes les deux semaines dans les parcelles. Les agriculteurs vont disposer demain d‘appareils que l‘on actionnera au repérage des vols de papillons.

NP : Comment expliquer alors le peu d’engouement pour la conversion en bio ?

CA : Le problème est qu'il faut un temps d'évolution et d'adaptation pour passer d'un système à un autre. En partant de l’agriculture conventionnelle, il faut trois années de reconversion. Pendant ces trois ans, l'exploitation est extrêmement fragile, très vulnérable. Elle va connaître en 1ère année tous les inconvénients de la bio, les attaques des parasites et des maladies, parce que le verger ou la prairie, le terrain a été habitué à être soigné avec certains produits phytosanitaires. Il y a aussi à repenser la répartition des surfaces de l'exploitation, et à trouver l'équilibre écologique pour arriver à mettre en place les faunes auxiliaires nécessaires à maintenir tout en équilibre. Pendant ces trois ans, sans un accompagnement très pointu à la fois technique et financier, on risque de voir des gens déposer le bilan entre temps.  Malheureusement, j'en connais dans le département. Il faut trouver cet accompagnement technique, c'est le rôle des chambres d'agriculture de vulgariser tout cela et trouver un accompagnement financier auprès des collectivités locales. Le département de la Drôme a cru depuis longtemps à la bio, tout comme la région Rhône Alpes.

NP : Quelle dynamique avez vous cherché en inaugurant ce premier salon national des techniques bio ?

CA : La Chambre d’agriculture de la Drôme est à l’initiative de ce projet que nous voulions absolument fédérateur. Il fallait impérativement le réussir et la condition était qu'il ne manque personne au niveau des organisateurs, de l'amont à l'aval de la production.


C'est au sein de l'exploitation bio de Philippe Habrard que s'est déroulé le 1er salon national des professionnels de l'agriculture biologique à l'initiative de la Chambre d'agriculture de la Drôme. (© Tech & Bio)

Par ailleurs, nous avions déjà l'habitude d'organiser des journées techniques, mais uniquement entre nous. Depuis une quinzaine d'années, la Chambre d'agriculture de la Drôme s'est fortement investie dans l'agriculture bio. Nous sommes le 1er département de France avec 530 producteurs en agriculture bio. Avec un département comme le nôtre fait de petites superficies par exploitant, il fallait conserver nos cultures spécialisés et la valorisation de nos produits sur de la qualité. L 'agriculture bio nous a tout de suite apparue comme une agriculture où l'on pouvait trouver de la valorisation. Une condition essentielle pour réussir est de faire traviller ensemble tous les partenaires. En région Rhône-Alpes, nous avons créé une structure « Appui Bio », qui regroupe les chambres d'agriculture, les chambres de commerce et d'industrie, reliant ainsi  l'amont et l'aval. C’est en rassemblant l'ensemble des professionnels concernés y compris les associations bio, que nous avons réussi à progresser ensemble malgré certaines divergences.

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