Les surfaces emblavées en céréales bio suivent récemment une tendance à la baisse. « Depuis 2-3 ans, la filière souffre effectivement », reconnaît Pierre de Contes, responsable de la coopérative Biocer, implantée en Haute Normandie et spécialisée en agriculture bio (*). « Il y a 6 ans, notre coopérative payait les agriculteurs bio 330€ la tonne de blé. Tous les ans, la rémunération a perdu 30€ à la tonne. Et il y a encore à peine 8 mois, on nous proposait encore 10€ de moins sur le blé que l’année d’avant. Il y a deux ans, devant notre difficulté à trouver des marchés qui rémunèrent correctement, les agriculteurs se sont portés sur d’autres cultures, ils ont fait des prairies, de la luzerne, de la jachère. D’où une baisse aujourd’hui des surfaces en céréales », explique le responsable.
« A l’automne dernier, les exploitants bio n’ont pas semé de blé et ont fait davantage d’herbe parce que le prix sur le marché du blé bio était dérisoire. Nous avions alors prévenu tous nos meuniers qu’ils n’allaient plus avoir de blé. »
 Les visiteurs de Tech&Bio, 1er salon des techniques d'agriculture biologique sont venus des régions françaises (Limousin, Bourgogne, Payd de Loire, Picardie, Franche-Comté, Bretagne,...) mais également de pays étrangers tels que le Japon, la Suisse, l'Allemagne ou encore l'Autriche. « Cet événement va jouer un rôle majeur dans le processus d'impulsion pour le développement de l'agriculture biologique » a déclaré Elisabeth MERCIER, Directrice de l’Agence bio (partenaire). « Cette initiative trouve pleinement sa place dans un processus qui va s’intensifier au cours des semaines à venir : la semaine prochaine, le grand conseil orientation présidé par le Ministre de l’Agriculture puis les Assises nationales de l’Agriculture bio le 2 octobre à Paris. Je crois que nous sommes à un moment clé pour le développement de l’agriculture en France.» (© Tech&Bio) |
« Par ailleurs, je déplore que même dans notre coopérative où nous avons des agriculteurs motivés, quelques exploitants sont repartis en culture conventionnelle à cause de la faiblesse des revenus ces dernières années. En 2005, on a payé le blé bio 230€ et aujourd’hui le blé conventionnel est venu aux meuniers 250€. Un agriculteur conventionnel peut valoriser son blé aujourd’hui à 220, 230, voire 240€ la tonne. Il faut savoir qu’un prix de 300€ départ coopérative, c’est le minimum pour garder la dynamique de conversion », commente Pierre de Contes.
30% de primes en moins
« Cette année nous constatons un véritable retournement de situation que je n’avais estimé arriver aussi tôt. Il y a eu un développement énorme sur l’Angleterre du bio qui a tiré énormément le marché, et les tendances se sont inversées beaucoup plus rapidement que ce que je pensais. Il y a un mois, le blé bio était à 300€ et aujourd’hui il est à 400€. Le contexte de cette année est véritablement particulier avec ces prix qui bougent énormément.
Mais dans le bio, les prix cette année ont augmenté plus tard qu’en conventionnel et nous avons encore des contrats clés qui se sont fait encore à 270€ cette année. À 270€ sorti de coopérative, ça ne suffit pas ! »
« Aujourd’hui économiquement, sur les deux dernières années, les agriculteurs bio ont eu des raisons d’envier leurs collègues conventionnels. » Mais le responsable de Biocer reste optimiste. Pour lui, croire dans la bio, c’est voir plus loin. « Je suis persuadé que le marché va continuer à croître mais nous avons un gros handicap, et les pouvoirs publics sont grandement responsables du frein qu’il y a aujourd’hui au développement de la bio. Il est en effet absolument fondamental d’avoir des aides au maintien à l’agriculture bio pour encourager les conversions. Car à ce jour, avec les primes Pac telles qu’elles existent, les agriculteurs bio touchent 30% de moins que les agriculteurs conventionnels.»
