A la surprise de nombreux scientifiques, cette maladie, dont seulement six cas avaient été signalés en France en 2006, s'est étendue rapidement depuis la détection du premier cas le 30 juillet dernier dans les Ardennes. Selon la dernière estimation du ministère, en date du 28 septembre, le nombre de cas recensés en France s'élevait à 2.246. "Le temps humide et les vents importants, les déplacements des moucherons, ont favorisé la propagation de la maladie", explique-t-on au ministère. Pour enrayer l'épizootie, cinquante départements français, principalement dans le nord et l'est, ont fait l'objet de mesures de précaution, avec notamment des restrictions aux mouvements du bétail. Des "périmètres interdits" (des zones de 20 km autour des foyers détectés) ont été décrétés dans vingt-trois de ces départements, dans lesquels la circulation des animaux est interdite sauf dérogations.
La fièvre catarrhale ovine (FCO), appelée communément "de la langue bleue" car c'est un des symptômes de son apparition, est une maladie virale des ruminants (ovins, bovins, caprins), qui vient d'Afrique. Non transmissible à l'homme, son virus est véhiculé par les culicoïdes, une espèce de moucheron. La FCO n'a aucune répercussion sur la qualité sanitaire de la viande contrairement à celle de la "vache folle" il y a quelques années, souligne le ministère. Des représentants des filières bovine et ovine étaient reçus mercredi par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier, qui a annoncé mardi le lancement d'un "appel d'offres national pour inciter les laboratoires à fournir rapidement un vaccin". Selon un responsable du ministère, il s'agirait de fabriquer un vaccin contre le nouveau sérotype, dit de type 8, de la maladie et l'appel d'offre serait lancé "vers le 10 octobre".
Plusieurs firmes - Mérial, Intervet notamment - seraient intéressés, selon cette source, par la fabrication de ce vaccin qui apparaîtrait sur le marché au printemps prochain, 18 mois après que le virus a été isolé par des chercheurs de l'Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments). Le temps presse car la situation économique pourrait devenir difficile pour les éleveurs qui rechignent devant les restrictions apportées aux déplacements des animaux, notamment les exportations, principalement vers l'Italie et l'Espagne.
Selon le ministère, la France exporte, notamment, environ 100.000 "broutards" (jeunes bovins d'un an) chaque année pour environ 1 milliard d'euros. "L'avancée très large de la maladie en Europe laisse à penser que tous les pays seront touchés très vite et que la seule solution crédible est de pouvoir reprendre au plus vite les échanges sur la base d'animaux testés négativement dans l'attente du vaccin", réclame la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) dans un communiqué mercredi.
Le directeur de la FCCB Hughes Beyler a évalué à 300 millions d'euros les pertes potentielles de chiffre d'affaires pour les 150 entreprises (sur un total de 800) concernées par les restrictions de mouvement si celles-ci étaient maintenues jusqu'à la fin de l'année. M. Barnier a espéré mardi que le comité spécialisé de l'Union Européenne sur cette question déciderait prochainement "un nouveau protocole sanitaire simplifiant les règles d'échange et d'exportation des jeunes bovins".