 Jérôme Tellier fait la démonstration de la méthode du Drop Test après avoir prélevé un bloc de terre dans une parcelle (© JC) |
Suite à des interventions culturales ou des passages de roues d’engins lors de conditions pédoclimatiques défavorables, le risque de compactage du sol augmente. « Les trains de roue provoquent des zones de tassement, où l’eau et les racines ont du mal à passer » explique Jérôme Tellier, Conseiller agronomie à la Chambre d’Agriculture de la Somme. Une absence de restructuration plusieurs années consécutives accroît ce risque. Comment alors savoir si un décompactage est nécessaire ? C'est ce à quoi Graham Sheperd, chercheur néo-zélandais, tente de répondre avec sa nouvelle méthode: le « Drop Test ». Celle-ci permet une « caractérisation visuelle de la structure du sol » par un diagnostic simple et rapide. « Il s’agit de sortir un bloc de terre de la taille d’une bêchée (25 cm de profondeur, 15 cm de long sur 15 cm de large, en enlevant le lit de semence) , que l’on prend en main et que l’on lâche trois fois de suite, à environ un mètre de hauteur, dans un bac » explique Jérôme Tellier. Entre chaque lancé, il faut écarter la terre fine et les mottes les plus petites, pour ne conserver que les plus grosses. Seules celles-ci sont relâchées une seconde fois, puis à nouveau un tri des plus grosses est fait, qui sont ensuite lâchées une troisième et dernière fois. Toutes les mottes sont triées et rangées par taille (voir ci-dessous). Différents critères « visuels et objectifs » sont ensuite notés à partir d'un scoring fait à partir de planches de photographies.
 Après avoir trié les mottes par taille, l'agriculteur peut estimer la compaction du sol par rapport à la taille et la quantité des différentes mottes, à partir de planches de photographies (© JC) |
Une note globale, allant de 1 à 26, est finalement calculée: un sol qui obtient une note inférieure à 8 a une « mauvaise » structure, une note située entre 8 et 16 traduit une structure de sol qualifiée de « moyen moins à moyen plus », et une note supérieure à 16 décrit un sol de structure « bonne ». « Des préconisations peuvent ensuite être faites en fonction de la note, par exemple savoir si un décompactage est nécessaire ou non. Cette opération doit être répétée une dizaine de fois à différents endroits de la parcelle, pour avoir une idée représentative du niveau de compactage de la parcelle », conseille Jérôme Tellier. « Il faut compter environ un quart d'heure pour chaque « drop test » ajoute le conseiller.
Deux méthodes « sans effet opérateur »
« Cette méthode de diagnostic est rapide, elle permet de caractériser la structure du sol, savoir s’il est compacté ou non. Elle se prête bien pour les agriculteurs qui pratiquent le non-labour, qui ont un rendement qui décroche ou un souci de structure ». Elle fait actuellement l'objet de tests dans différentes conditions pédoclimatiques, dans le cadre d'un mémoire de fin d'études à la chambre d'agriculture de la Somme (80). Il apparaît, suite aux tests effectués par Charles Renouard, stagiaire qui travaille sur ce sujet, que la méthode est efficace en sols limoneux. A l'inverse, elle l'est beaucoup moins dans des conditions de sol trop sec. « Le sol doit avoir une certaine humidité pour que le test prenne un sens » explique le conseiller.
Autre méthode à l'étude et qui semble prometteuse : le « test de la bêche ». Elle serait bien adaptée aux sols plus argileux et permettrait de séparer et de classer les différents horizons. Son principe est aussi très simple puisqu'il se base, à partir d'une bêchée, sur une interprétation visuelle et par les doigts. « Ce qui est intéressant dans ces deux méthodes, conclut Jérôme Tellier, c'est qu'il n'y a pas « l'effet opérateur », par comparaison aux autres méthodes. De plus, une demi-heure de formation suffit, et la reproductibilité est facile ».
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