La guerre du maïs fait rage à Saint-Dos en Béarn

Les accusations fusent dans les deux camps, pro et anti-OGM, dans cette région où le maïs domine le paysage autant qu'il détermine le revenu des agriculteurs et de leurs familles. Bernard Pouey, cultivateur "bio" à Saint-Dos, entouré de militants écologistes, a conduit la presse sur une parcelle qu'il possède non loin du village, à 20 km à l'ouest d'Orthez. Sur ce champ d'un demi-hectare planté en avril de semences de maïs certifié "bio", on trouve aujourd'hui, selon lui, des grains de maïs OGM dans une proportion de 0,14%, "preuve certaine", dit-il, "d'une contamination par pollinisation" issue des cultures transgéniques avoisinantes. "Il y a beaucoup de cultures OGM dans les environs, mais aucun moyen de savoir qui fait quoi. Ceux qui font de l'OGM n'en parlent pas, et dans le village c'est le silence, la suspicion", indique Bernard Pouey.

"Avec les semences OGM, je fais 20% de rendement en plus puisqu'il n'y a aucune trace de pyrale ou de sésamie", deux vers ravageurs du maïs, explique un de ses voisins qui a recourt aux semences transgéniques. Il a accepté de s'exprimer sous couvert de l'anonymat craignant, s'il était identifié, de "devenir la cible de tous les écolos de la région". "Les semences OGM sont certes plus chères, elles me coûtent l'équivalent de trois ou quatre quintaux de production par hectare mais me font gagner quinze quintaux", précise-t-il. "Avec le prix de nos produits qui baisse, on fait ce qu'on peut pour gagner un peu d'argent", explique-t-il.

"Le pollen du maïs est un pollen très lourd, que le vent n'emporte pas loin, et puis nous n'en plantons pas sur les six dernières rangées des champs", assure-t-il en réponse à son voisin "contaminé" à distance. Quant aux "preuves" de propagation des OGM, avancées par les écologistes qui craignent les effets "irréversibles" de cette dissémination, le cultivateur s'en remet aux scientifiques. Il dit faire "confiance aux chercheurs qui mettent ces produits en place". "Pourquoi mettraient-ils en vente des produits nocifs pour la population?", s'interroge-t-il. "Chacun son métier. Regardez les progrès faits en médecine, les produits pharmaceutiques et l'augmentation de l'espérance de vie de tous, personne ne s'y oppose", ajoute-t-il.

Pour Bernard Pouey, les lobbies agro-alimentaires et leurs intérêts financiers sont bel et bien présents, y compris à Saint-Dos, situé à proximité de Peyrehorade. Une importante usine du groupe Monsanto France, filiale du géant américain de l'agrochimie qui produit le MON810, le seul maïs OGM commercialisé en France, est installée dans cette commune landaise. Le MON810 vise à protéger les cultures de la pyrale du maïs, une sorte de papillon dont les larves se nourrissent de l'intérieur des tiges de la plante.

Les anti-OGM ont déposé une plainte contre X estimant que la parcelle utilisée pour démontrer la "contamination" OGM a été l'objet d'un "sabotage" chimique visant à rendre l'expérience impossible. Le cultivateur pro-OGM hausse les épaules: le mauvais état du champ résulte des techniques "bio" utilisées, "avec du poil de cochon pour tout engrais", conduisant à "l'envahissement des mauvaises herbes qui ont étouffé le maïs".

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