Grands absents du Grenelle, ils font toujours débat

Ces carburants fabriqués à partir de plantes (betterave à sucre et blé pour le bioéthanol, colza et tournesol pour le biodiesel/diester en France) n'ont droit qu'à quelques lignes dans le document de travail sur lequel doit se prononcer le Grenelle de l'environnement mercredi et jeudi. Ce document suggère une "expertise" de leur bilan écologique et énergétique.

Car si les biocarburants émettent directement peu de gaz à effet de serre, puisque le CO2 émis par leur combustion est absorbé par la plante utilisée pour leur fabrication, leur efficacité environnementale globale est "discutable", selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Il y a beaucoup "d'incertitudes" à propos du protoxyde d'azote (gaz à effet de serre) émis avec l'utilisation intensive d'engrais, tandis que les bilans actuels n'intègrent pas "le changement de destination des terres", quand des forêts deviennent des terres agricoles et engendrent des émissions de carbone supplémentaires, explique Pierre-Paolo Cazzola, analyste à l'AIE.

En outre, plusieurs organisations internationales ont récemment estimé que les biocarburants faisaient concurrence aux produits alimentaires. Le Fonds monétaire international s'est inquiété mercredi des conséquences d'une plus grande utilisation de céréales pour les carburants "verts" sur les prix des produits alimentaires, notamment dans les pays pauvres. Le rapporteur des Nations unies pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, a demandé un moratoire international sur la production des biocarburants, afin de lutter contre la hausse des prix alimentaires. "Il faut 232 kilos de maïs pour faire un plein de cinquante litres de bioéthanol", a-t-il observé. "Avec cette quantité de maïs, un enfant peut vivre pendant un an".

Les biocarburants sont pour cette raison "une piste à explorer avec la plus grande prudence", estime Christian Frémont, directeur de cabinet du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Selon l'AIE, les politiques en faveur des biocarburants ont, en Europe et aux Etats-Unis, des objectifs "agricoles et non pas énergétiques". Les biocarburants vont mobiliser en Europe de plus en plus de terres agricoles. La France, premier producteur agricole en Europe, entend incorporer 5,75% de biocarburants dans l'essence et le gazole en 2008, contre moins de 1% aujourd'hui, et 7% en 2010, soit plus que l'objectif européen de 5,75% en 2010.

La FNSEA, principal syndicat agricole, n'a pourtant pas claqué la porte du Grenelle comme il en avait l'intention car il a atteint ses deux principaux buts: pas d'objectif contraignant de réduction d'utilisation des pesticides et pas de remise en question, comme le réclamaient les écologistes, de la politique fiscale en faveur des biocarburants. "Le marketing +vert+ autour des biocarburants a pour but de ne pas remettre en cause le dogme du tout voiture", s'indigne de son côté le porte-parole du collectif d'associations écologistes France Nature Environnement, Arnaud Gossement. Même le pétrolier Total, premier distributeur de biocarburants en Europe, juge que les "contraintes sont fortes", car leur coût est "peu compétitif" compte tenu du prix élevé des matières premières, et les caractéristiques techniques sont "exigeantes".

Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole