Comment élaborer son programme fongicide 2008 ?

Les commandes fongicides vont bientôt devoir être mises en place afin de les présenter aux différents fournisseurs. Depuis le début des semis de blé, la météo parfois capricieuse n’a pas forcément fait évoluer le potentiel des maladies cryptogamiques de manière aussi favorable que lors de la dernière campagne. Je souhaite faire le point sur l’évolution des maladies à la date d’aujourd’hui afin d’anticiper et d’expliquer mon choix pour les programmes fongicides.

Une pression maladie plus faible qu’en 2006-2007

• Le piétin

Les conditions météo actuelles ne lui sont pas favorables. En effet, les températures fraîches rencontrées depuis début octobre, associées aux conditions sèches dans certains secteurs du sud de la France, limitent son développement. Comme le montre le graphique ci-dessous, la courbe rouge (simulation 2007-2008) se retrouve beaucoup plus bas que la bleue (simulation 2006-2007).

La simulation pour cette année s’arrête au 1er janvier car j’ai intégré les prévisions météo à long terme (pluviométrie et température) jusqu’à cette date. Statistiquement avec ce type de simulation, 100 % des années qui ont une valeur en dessous de 3 sur 20 au 1er janvier n’ont pas nécessité de traitement anti-piétin au printemps. Pour que la situation redevienne favorable au piétin et nécessite un traitement au printemps, il faudrait que la météo soit très humide et douce jusqu’au mois de février.

• La rouille brune

Comme visible sur le graphique ci-dessous, le cumul d’indice climatique pour cette campagne est en dessous de celui de la campagne 1995-96. Ce fut une année où la rouille brune n’avait causé aucun dégât sur la culture du blé puisqu’on ne l’avait pas vu dans les parcelles, même après le 30 juin. On peut donc dire pour le moment que la probabilité que cette maladie soit présente au printemps reste à ce jour très faible dans la région. Pour observer une situation contraire, il faudrait que les conditions de température jusqu’au mois de mars soit plus qu’exceptionnelles. Les prévisions météo à long terme annoncent de la douceur jusqu’à cette date mais il est peu probable que la situation s’inverse. Dans un mois, nous serons en mesure d’orienter la tendance. A suivre.

Sur le graphique ci-dessous, on remarque bien que l’indice de sporulation pour cette année est inférieur à celui de l’année dernière. Ce qui traduit bien à ce jour un potentiel rouille brune inférieur à l’année dernière.

Attention cette maladie est très liée aux positionnements géographiques, ce qui est valable pour une région ne l’est pas forcément pour une autre.

• La septoriose

En ce qui concerne la septoriose, les conditions climatiques avant le stade épis 1cm ont des conséquences moindres sur le développement de la maladie au printemps. Mais une parcelle qui aura constitué son inoculum de départ grâce à des conditions météo hivernales favorables aura une probabilité d’explosion au printemps plus élevée.

A ce jour, les conditions ne sont pas très favorables à la constitution de l’inoculum primaire. La pluviométrie qui est inférieure aux normales de saison limite les jours de contamination. Les températures inférieures aux normales empêchent toute contamination possible. Le retard de levée dans certaines régions (Poitou, Pays de Loire, Midi-Pyrénées, Sud-Est) va retarder d’autant les premières contaminations.

Le printemps aura le dernier mot puisqu’une humidité abondante à cette époque suffirait à faire exploser la septoriose même avec un inoculum de départ faible.

Pour le choix du produit destiné à maîtriser la septoriose, je vais surtout m’occuper de la résistance du champignon aux strobilurines. L’important est d’utiliser au moins deux familles chimiques différentes sur le cycle végétatif. Une grande partie de la moitié nord de la France est concernée par la résistance aux strobilurines, le lieu géographique pour le choix du produit sera donc important.