Le gouvernement réunit jeudi tous les acteurs du Grenelle pour évoquer l'ensemble de ce qui a été fait depuis deux mois, indique-t-on au ministère de l'Ecologie. Ce point d'étape sera précédé d'une "table ronde finale" sur le traitement des déchets, un sujet sur lequel le Grenelle n'avait pas eu le temps de conclure fin octobre. Les travaux avaient alors achoppé sur la question des incinérateurs, certaines associations exigeant un moratoire sur leur construction.
La mise en oeuvre des premières décisions du Grenelle a suscité des frictions avec les ONG qui reprochent au gouvernement un manque de concertation. "Le démarrage est poussif mais on ne va pas jeter le bébé avec l'eau du bain", commente Arnaud Gossement, porte-parole de la fédération France nature environnement (FNE - 3.000 associations). Le Grenelle a mis sur la table "tous les dossiers environnement pour lesquels les gouvernements des vingt dernières années se sont refilés la patate chaude" ce qui a mis sous pression le gouvernement actuel qui a hérité de ces dossiers "dans un contexte d'attente et d'espoirs très forts nés du Grenelle", explique-t-il.
Les OGM figurent parmi les points chauds. Les écologistes qui souhaitaient un moratoire sur les cultures de maïs OGM en France, n'ont pas apprécié que le gouvernement décide un simple gel jusqu'au 9 février des semis de maïs OGM, le temps d'adopter une nouvelle loi. Une décision "ridicule", selon les ONG, puisqu'il n'y a de toutes façons pas de culture en hiver. Du coup, l'Alliance pour la planète (80 associations dont Greenpeace et le WWF) et la Confédération paysanne ont décidé de se retirer des travaux du Comité de préfiguration de la Haute autorité sur les OGM qui vient d'être mis en place et qui doit se prononcer sur le maïs OGM Mon 810, le seul actuellement cultivé en France. FNE menace de faire de même. Les ONG continuent de demander au gouvernement d'activer la clause de sauvegarde à Bruxelles qui permet à un état membre d'interdire la culture d'un OGM autorisé au plan communautaire.
Au delà, l'Alliance, FNE et la Fondation Nicolas Hulot, ainsi que la CGT et la CFTC ont demandé au gouvernement de "se ressaisir" en estimant dans une déclaration commune que les récentes mesures annoncées dans les transports (projet de construction d'autoroute, réduction de certains services de fret SNCF, compensations financières pour le transport routier, appel au développement du trafic aérien à bas coût) vont à l'encontre du Grenelle. Elles regrettent également que le système de bonus-malus destiné à pénaliser les voitures les plus polluants n'ait pas été annualisé. L'Association des régions de france (ARF) "inquiète" d'une "panne" dans le processus du Grenelle, a de son côté demandé au gouvernement de "passer aux actes".
En définitive, seul le patronat n'a pas donné de la voix contre la mise en oeuvre du Grenelle. Sur le plan européen, les écologistes reprochent à la France de ne pas respecter ses engagements en faveur de l'environnement, dans les discusions sur la répartition des quotas de pêche à Bruxelles. En outre, FNE s'alarme que la France s'apprête à voter jeudi contre un projet de directive européenne concernant les sols pollués, alors que cette mesure répond à une "urgence écologique", le sol, contrairement à l'air et l'eau, n'étant protégé par aucun texte juridique.