Le feu vert formel pour cette décision, dont le principe était acquis depuis fin novembre, a été donné lors d'une réunion ministérielle de l'UE à Bruxelles, a indiqué la Commission. La suspension, qui débutera le 1er janvier et s'achèvera fin juin, concerne toutes les céréales sauf l'avoine, le sarrasin et le millet. Elle "intervient en réaction à la situation exceptionnellement tendue qui prévaut sur les marchés mondiaux et communautaire des céréales et aux prix record atteints", a précisé la Commission dans un communiqué. Son impact reste toutefois encore incertain, car les droits de douane en vigueur dans ce secteur sont peu élevés.
L'Europe vient de subir deux récoltes médiocres successives, du fait de mauvaises conditions climatiques (pluie au Nord cet été, et canicule dans plusieurs pays du Sud). Du coup, traditionnellement exportatrice nette, l'UE est devenue importatrice de céréales nette cette année. La baisse de la production se couple avec une forte hausse de la demande mondiale, surtout des pays émergents comme l'Inde et la Chine, dont les habitudes alimentaires se transforment avec le développement économique. Du coup, les prix des céréales bondissent. Le tarif du blé a ainsi pratiquement doublé en un an.
Cette progression des prix des matières premières se répercute sur les tarifs des produits de base comme le pain, les pâtes mais aussi le lait puisque le bétail est nourri largement à base de céréales, comme l'orge fourragère ou le maïs. En France, le prix du lait payé par les industriels aux producteurs va ainsi augmenter de 37% au cours du premier trimestre 2008, par rapport à la même période en 2007, a annoncé cette semaine la Fédération nationale des producteurs de lait. Et ce après une progression d'environ 20% au quatrième trimestre 2007, toujours sur un an. Ces augmentations se répercutent ensuite, dans une moindre ampleur, sur les tarifs du lait au détail, des yaourts, des fromages ou des crèmes.
La France, première puissance agricole de l'UE, a été un temps réticente à une suspension des droits de douane qui, historiquement, permettent de protéger les agriculteurs européens de la concurrence étrangère et des importations à bas prix. Elle craignait qu'il soit difficile ensuite de justifier leur rétablissement, au moment où l'Europe est sous pression pour les réduire durablement dans le cadre des négociations à l'Organisation mondiale du commerce sur la libéralisation des échanges mondiaux.