Quelle rentabilité du stockage des récoltes à la ferme ?

Estimer la rentabilité du stockage passe évidemment par le calcul du coût de stockage. Une fois que ce coût est estimé, il suffit de le comparer au prix de vente. C’est ce qu’a fait Jean-Yves Longchamp, Ingénieur Chargé d’Etudes au Service des Etudes économiques d’Arvalis. Pour 4 années de récoltes, de 2003 à 2006, « nous avons comparé, en fonction des récoltes des 4 dernières années, le coût de stockage (fixé à 10€/tonne), par rapport à une vente à la récolte, donc par rapport au prix de vente blé au mois de juillet (prix Eure et Loire départ OS, et majorations mensuelles intégrées) ».

Il s’avère que la rentabilité du stockage dépend des investissements réalisés mais aussi du prix de vente obtenu : « Pour couvrir le coût de stockage, deux paramètres jouent : la stabilité des majorations mensuelles, mais qui sont insuffisantes pour couvrir à elles seules ces coûts de stockage, et l’instabilité des prix de vente, parfois insuffisants pour couvrir les coûts de stockage » signale l’ingénieur.

La rentabilité qui en résulte est donc très variable selon les années : « Certaines années, l’évolution des prix du marché est insuffisante pour couvrir les coûts de stockage. On ne gagne pas à tous les coups !» résume Jean-Yves Longchamp. Pour un coût de stockage donné de 10€/ha, seules les récoltes 2003 et 2006 ont vraiment donné une bonne rentabilité par rapport à une vente à la récolte. Il faut que le prix de vente soit supérieur à 10€/tonne par rapport au prix juillet pour commencer à amortir le coût de stockage. En dessous, le stockage n’est pas amorti.

« Pour jouer sur la rentabilité, résume Jean-Yves Longchamp, il faut bien choisir l’époque de vente, préciser la qualité du produit vendu avec une négociation possible pour en tirer le meilleur prix, et enfin choisir la façon dont vous stockez ». D’où la difficulté pour l’appréhender, et le fait d’obtenir des rentabilités plus ou moins importantes. Estimer la rentabilité peut se faire de deux manières : soit en prévisionnel, en ayant connaissance de ses coûts de stockage et son seuil de rentabilité, à intégrer pour se positionner par rapport à un marché, soit « pour regarder dans le rétroviseur, et tirer un bilan de la campagne ».