Le maïs MON810 de la firme américaine Monsanto, seul OGM cultivé en France, ne pourra pas être semé en 2008 en application du "principe de précaution" qui autorise Paris à demander l'activation de la "clause de sauvegarde" auprès de l'Union européenne (UE).
Les anti-OGM, dont les deux grandes associations de défense de l'environnement Greenpeace et France Nature Environnement, se sont immédiatement réjouies de la décision gouvernementale, et José Bové, qui suivait une grève de la faim pour réclamer une telle décision avec plusieurs camarades, a arrêté son mouvement. Dans son annonce, le gouvernement a précisé "s'appuyer sur les conclusions du comité de préfiguration de la haute autorité sur les OGM", qui a fait état d'"éléments scientifiques nouveaux" et de nombreuses interrogations autour de cette culture de maïs OGM. Mais, ont ajouté les services du Premier ministre, "les doutes sur cet OGM (...) ne condamnent pas l'intérêt de cette technologie pour relever les défis alimentaires et environnementaux".
Et Matignon a annoncé "un plan sans précédent d'investissements dans les biotechnologies végétales de 45 millions d'euros, soit une multiplication par huit des budgets actuels". En conséquence, la Confédération Paysanne (CP), qui se réjouit de la mesure de suspension, fait remarquer samedi dans un communiqué que l'annonce du gouvernement est "équivoque". Tout en justifiant sa décision par des "doutes sanitaires et environnementaux", souligne la CP, le Premier ministre "ajoute que cette technologie aurait un intérêt pour +relever les défis alimentaires et environnementaux+", et augmente les budgets pour les biotechnologies.
Le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) note pour sa part dans un communiqué : "La clause de sauvegarde engagée, mais...". Et de "regretter que le gouvernement en profite pour annoncer dans la foulée" la mise en place d'un plan pour les biotechnologies. "Il est clair que le lobby des OGM a reçu des assurances de soutien pour l'avenir", estime le président du MDRGF, François Veuillerette. Techniquement, la "clause de sauvegarde" doit être enclenchée par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier, et Monsanto dispose de 15 jours pour présenter sa défense. La démarche auprès de Bruxelles pour déposer la requête de la France ne pourra donc être faite qu'après ce délai.
En France, 22.000 hectares de MON810 étaient mis en culture, principalement dans le sud-ouest et par 2.000 agriculteurs. Ce qui ne représentait que 0,75% des 2,8 millions d'hectares de maïs cultivés dans l'Hexagone. Mais le président de la FNSEA Jean-Michel Lemétayer s'est insurgé samedi de l'interdiction qui leur serait faite de semer ce maïs en 2008. Cette décision, a-t-il déclaré à l'AFP, est "affligeante" et guidée par des "raisons de politique politicienne", sans "suffisamment de recul". "Nous allons nous mobiliser pour que le gouvernement ne recule pas sur le projet de loi" sur les OGM qui doit être débattu à partir du 5 février au Sénat, a-t-il encore dit. Ce texte, qui devait à l'origine être adopté d'ici le 8 février, ne devrait finalement pas l'être avant les élections municipales des 9 et 16 mars prochain.