Jean-Louis Borloo et Michel Barnier veulent clarifier les règles de coexistence

C'est la deuxième fois depuis 2006 que le Sénat est saisi de cette question brûlante - le précédent texte avait été abandonné après la première lecture - qui avait justifié la création d'un groupe de travail spécial lors du Grenelle de l'environnement à l'automne.

Pour Michel Barnier (Agriculture), la loi doit "permettre à la raison de prendre le pas sur la passion" en "encadrant l'utilisation des OGM sur la base des principes affichés lors du Grenelle: responsabilité, précaution, transparence et libre choix". Mais le ministre a déjà heurté les associations écologistes en annonçant la délivrance de nouvelles autorisations d'essais en plein champ dès 2008, sans attendre la création du Haut conseil des biotechnologies prévu par la loi. Jean-Louis Borloo (Ecologie) a, lui, insisté, à cinq reprises au moins, sur le libre choix de "produire et consommer avec ou sans OGM, ce qui signifie sans nuire aux autres".

Du côté des sénateurs, beaucoup de ceux qui ont pris la parole ont insisté sur la nécessité de poursuivre la recherche sur les biotechnologies. Ainsi Jean Bizet, sénateur UMP de la Manche et rapporteur du projet, a souligné que les organismes génétiquement modifiés "ne pouvaient pas être écartés par principe (...) à l'heure où la demande alimentaire mondiale explose dans les pays émergents": rappelant qu'en 2007 les agriculteurs français avaient planté 22.000 ha en maïs OGM (0,75% du total des maïs), il a appelé à "ne pas persister dans une attitude défensive" envers les OGM. Pour Gérard Larcher (UMP), "la rigueur scientifique est la seule voie".

Jean-François Le Grand (UMP, Manche), qui présidait le groupe de travail spécial du Grenelle et la Haute Autorité provisoire que la loi doit pérenniser, a également plaidé pour la poursuite de la recherche face à ceux "qui entretiennent les peurs collectives tout autant que ceux qui sont bardés de certitude". S'avouant à la tribune "blessé" par les attaques dont il a fait l'objet dans l'exercice de ses fonctions, il a confié à l'AFP qu'il s'attendait à une bataille rude, en partie en raison des réticences de son propre camp politique. "On va perdre en première lecture, mais on gagnera en deuxième (après examen par l'Assemblée nationale, le 1er avril), a-t-il néanmoins espéré.

Plus pessimiste, Marie-Christine Blandin, sénatrice Vert du Nord - qui co-présidait avec lui le groupe spécial du Grenelle - avouait dans les couloirs: "On va se battre mais c'est pas gagné du tout". Mme Blandin a relevé que le groupe UMP avait déposé plusieurs amendements visant directement M. Le Grand, après qu'il avait recommandé la suspension de la culture du mais OGM MON810 sur la base de "doutes sérieux". Jacques Müller, sénateur Vert du Haut-Rhin, a dénoncé le "retour des lobbies (...) relayés avec complaisance par le rapporteur, dont certains amendements jouent clairement contre le Grenelle".

Le débat en première lecture au sénat doit s'achever vendredi au plus tard. "Quoiqu'il se passe, ce sera toujours mieux après qu'avant", a lâché M. Borloo dans les couloirs de l'hémicycle, alors que les forces de l'ordre barraient les abords du Sénat à une "manifestation aux flambeaux pour éclairer les sénateurs", organisée par les associations anti-OGP dont Greenpeace et la Confédération paysanne.

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