"Ces personnes sont considérées comme des saisonniers mais chaque année, leur contrat de six mois est prolongé jusqu'à huit mois, avec des dérogations qui n'ont plus rien d'exceptionnel. En réalité, ce sont des travailleurs permanents mais ils ne bénéficient d'aucun des droits qui vont avec ce statut", a déclaré à l'AFP l'avocate de cinq d'entre eux, Me Vannina Vincensini jugeant qu'il y a "discrimination".
Ces travailleurs agricoles doivent regagner leur pays à l'issue des huit mois. Ils ne peuvent bénéficier ni de soins ni d'éventuelles prestations sociales pour lesquelles ils cotisent en France. La préfecture des Bouches-du-Rhône leur a refusé une carte de séjour de salarié, selon le Collectif de défense des étrangers dans l'agriculture (Codetras) qui regroupe une quinzaine d'associations et de syndicats. "Au moment où on parle d'accepter en France les étrangers qui apportent quelque chose à l'économie, il paraît incroyable de refuser un titre de séjour à quelqu'un qui fait la preuve de son utilité économique depuis 25 ans et qu'on vient chercher pour travailler au moins huit mois chaque année sur des exploitations agricoles", a estimé Me Vincensini.
La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) est saisie de ce problème depuis mars 2007. Selon le Codetras, environ 4.000 travailleurs étrangers, venus du Maghreb pour la plupart, viennent chaque année dans les Bouches-du-Rhône afin de pourvoir aux besoins de main d'oeuvre de l'agriculture locale. En février 2007, le tribunal administratif de Marseille avait enjoint le préfet des Bouches-du-Rhône de délivrer une carte de résident à un travailleur agricole qui depuis plus de dix ans venait huit mois par an en France, estimant qu'il pouvait être considéré comme résident habituel, une décision annulée en appel mais qui sera portée devant le Conseil d'Etat.