La demande de légumes oubliés en forte progression en France

Philippe Desbrosses, PDG de la ferme bio de Sainte-Marthe à Millançay (Loir-et-Cher), évoquera lors d'une rencontre ce retour en force des crones du Japon, panais et autres potimarons, qu'il date du "début des années 80". Sans pouvoir donner de chiffres sur cette vogue qui touche aussi bien le Bio que le secteur traditionnel, il évoque "20% d'augmentation depuis une dizaine d'années". Samantha Breitembruch, de Biocop, le plus important réseau de magasins Bio en France, indique que son organisation a enregistré une croissance de +22% des ventes de fruits et légumes en 2007 et de + 7% en 2006, dont des légumes anciens.

"Nous ne distinguons pas dans nos statistiques les produits anciens ou rares, mais il est évident qu'il y a une forte demande et qu'elle inclut les variétés oubliées. Si vous êtes à la recherche de ce genre de produits moins standardisés, il y a plus de chance que vous les trouviez chez nous que dans le secteur conventionnel', dit-elle. "Depuis le début du XXe siècle, 75% des variétés comestibles cultivées ont disparu, selon la FAO, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture. Des mille variétés de pommes qui existaient en France, il n'en reste plus que vingt ou trente, dont la golden, qui a colonisé le verger français et européen", explique M. Desbrosses. "Après cette extinction massive, qui a démarré dans les années 50 avec l'agriculture intensive, l'opinion s'est rendue compte du désastre et de l'appauvrissement de la biodiversité et a voulu retrouver ces variétés anciennes", dit-t-il.

A titre d'exemple de variétés cultivées chez lui, M. Desbrosses cite des rutabagas et les topinambours, consommés par nécessité durant la Seconde Guerre Mondiale, et qui ont retrouvé les faveurs des consommateurs, mais aussi des panais, sorte de longue carottes blanches, très en vogue de nos jours, qui étaient absents des marchés français, à l'exception du Nord, depuis deux siècles. "Plante favorite de l'Empereur Tibère, qui envoyait des émissaires en Allemagne pour lui en ramener, il avait disparu depuis le XIXe siècle au profit de la carotte, pour des raisons de mode, et a été réhabilité depuis vingt ans", souligne M. Desbrosses.

La Ferme-de-Sainte Marthe qu'il dirige est le prototype de ce retour aux sources ou de découvertes. On y cultive aussi bien du potimaron issu de l'Amérique pré-colombienne et importé en Europe depuis 1957, que des cerfeuils tubéreux, "de grosses raçines qui rappelent les chataignes, valent très chers et sont utilisés par les grands restaurateurs", ou des arroches, "des sortes d'épinards". Sur cette exploitation de cent vingt hectares, les légumes anciens redécouverts sous forme de graine, de bouture ou de plant, sont privilégiés.

Chaque année, la ferme "reçoit de 30 à 40 variétés originales qui lui sont envoyées par des jardiniers amateurs, des universités ou des centres de recherche", explique Jean-Yves Fromonot, un des responsables. Après identification, les semences "conservées dans des endroits frais et secs, sont vendues sur notre catalogue par internet ou via le réseau Nature et Découverte", indique Patrick Maliet, un autre responsable de Sainte-Marthe.

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